dimanche 23 avril 2017

Coralie Delaume et David Cayla dénoncent la loi de la jungle européenne (2/3)

Coralie Delaume et David Cayla dénoncent la loi de la jungle européenne (2/3)

« La fin de l'Union Européenne » démontre remarquablement bien comment l'UE met nos démocraties sous camisole. Mais ce qu'il ressort également de ce livre, c'est que si la volonté d'une très grande majorité de peuples est mise sous camisole, elle est un démultiplicateur de la volonté des plus forts, nation, grandes multinationales ou les plus riches. Une autre démonstration implacable.



L'UE, c'est la loi du plus fort amplifiée

Les auteurs rappellent que l'Impôt sur les Sociétés moyen est passé de 33% en 1999 à 25% en 2015, dans une « course sans fin au moins-disant social et fiscal ». En 2011, Trichet demandait à l'Italie et à l'Espagne « d'adapter les salaires et conditions de travail aux besoins spécifiques des entreprises et d'améliorer leur pertinence vis-à-vis d'autres niveaux de négociation ». En mars 2016, la Commission juge que « la France affiche toujours des coûts salariaux parmi les plus élevés de la zone euro, (que) la décélération récente des salaires réels reste insuffisante (et que) les augmentations du SMIC induisent une compression des salaires vers le faut ». En clair, cette UE défend l'agenda du Medef.

En clair, l'UE « organise une compétition sans merci entre les pays membres, où chacun cherche à récupérer les emplois et les investissements des autres (…) non seulement le marché et la monnaie unique ont levé toute entrave à la circulation interne des marchandises, du travail et des capitaux, mais l'Union se donne aussi pour objectif d'ouvrir son marché intérieur à la mondialisation et refuse absolument de protéger son économie de la concurrence internationale », laissant tomber la filière photovoltaïque. Ils dénoncent la folie des travailleurs détachés quand les salaires varient de 1 à 10 et le parasitisme fiscale de l'Irlande, pays dont la production industrielle a augmenté de 150% depuis 2000, malgré une baisse des emplois industriels de 20% sur la période, par des jeux artificiels de stocks.

Ils dénoncent le parasitage fiscal du Luxembourg, entre secret bancaire, exonération de toute fiscalité des dividendes reçus et versés entre les entreprises et leurs filiales et « taxe forfaitaire (…) (qui) s'apparente en fait à une commission prélevée par le Grand Duché pour une opération de fraude fiscale réalisée au détriment d'autres pays européens », pratique utilisé par McDonald's qui y localise les 22% de commission de ses franchisés : de 2009 à 2013, l'entreprise aurait détourné 3,7 milliards de profits, sur lesquels elle n'aurait payé que 16 millions d'impôts. La commission a estimé que sur 2011, Apple a rapatrié 16 milliards de profits en Irlande sur lesquels elle a payé 0,05% d'impôts

Il en va de même entre pays. Ils rappellent que de 2001 à 2005, l'Allemagne est le pays malade de l'UE, dépassant les 3% de PIB de déficit. Et avec l'euro « les gains de compétitivité de l'économie allemande n'ont donc plus aucune conséquence monétaire, ce qui permet au pays d'engranger des excédents commerciaux stratosphériques » tout en permettant de recycler les excédents sans risque de change ! Berlin a été le « plus grand délinquant des Etats européens… et e plus scrupuleux des agents de police dès lors qu'il s'agit de prévenir ou de sanctionner les manquements des autres », transformant l'UE en « salles de tortures » lors de la crise de l'euro, notamment pour la Grèce.

Ils rappellent que Jean-Claude Juncker  soutenait en janvier 2015 que « dire que tout va changer parce qu'il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c'est prendre ses désirs pour des réalités (…) il ne peut y avoir de choix démocratiques contre les traités européens ». De facto, après avoir mis en place 8 plans d'économies de l'automne 2009 à janvier 2013, la Grèce de Tsipras en a fait voter un 9ème plan : « ce n'est pas parce qu'une méthode échoue avec constance depuis 10 ans qu'il faut renoncer à tabler sur l'imminence de son succès ». Ce dernier a refusé l'option de la sortie de la zone euro, alors qu'elle était prête comme le confie James K Galbraith, dans son livre « Crise grecque, tragédie européenne » : « Les moyens qui sont à notre disposition paraissent adaptés pour assurer une sortie de l'euro très rapide et en douceur, le système de paiement envisagé pouvant être aussitôt opérationnel ».

Pire, ils rappellent que « les créanciers vont prêter de l'argent à la Grèce… pour que la Grèce rembourse l'argent emprunté aux créanciers », comme le confirme Olivier Blanchard, chef économiste du FMI : « le financement accordé à la Grèce a servi à rembourser les banques étrangères (…) Les réformes structurelles nuisibles à la croissance et l'austérité budgétaire ont provoqué une dépression économique (…) Les créanciers n'ont rien appris et ils continuent de commettre les mêmes erreurs ». Les auteurs notent que ces mêmes politiques, menées dans les pays Baltes, ont abouti en 8 ans au départ de 564 000 habitants, soit 8% de leur population et à la destruction de 300 000 emplois !

Bref, outre le fait d'oblitérer les démocraties de l'immense majorité des pays européens(à l'exception de l'Allemagne et de quelques pays plus en périphéries), l'Union Européenne sert outrageusement l'agenda des plus forts, quitte à écraser et faire souffrir des populations, comme on a pu le voir en Grèce, au Portugal ou en Espagne, pour sauver des banques de leurs paris hasardeux

Source : « La fin de l'Union Européenne », Coralie Delaume et David Cayla, Michalon


Conclusion la semaine prochaine

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