samedi 22 avril 2017

Coralie Delaume et David Cayla décryptent la camisole européenne (1/3)

Coralie Delaume et David Cayla décryptent la camisole européenne (1/3)

Et si cela était tout simplement le meilleur livre de décryptage de cette construction européenne ? Ce n'est pas faute d'avoir lu de nombreux livres sur le sujet depuis 25 ans. « La fin de l'Union Européenne » propose un remarquable décryptage institutionnel, économique et politique de ce monstre à qui nous avons en partie accepté de confier notre vie. Un livre hautement recommandable.



Comment l'UE oblitère nos démocraties

Pour les auteurs, « en transférant à des structures techniques (…) de très nombreuses prérogatives pourtant essentielles à l'organisation politique des sociétés (…) on a rompu le lien entre compétence décisionnelle et responsabilité politique, et soustrait des pans entiers de l'action publique au contrôle des citoyens ». Ils notent également que la BCE « s'auto-arroge des pouvoirs exorbitants » et devient un acteur politique de tout premier plan en ayant mis en place son programme d'assouplissement quantitatif, ou quand elle coupe les crédits aux banques Grecques début 2015. Pour eux, le risque que « les alternances politiques ne se transforment en simulacres », ce qui est déjà largement le cas.

Les auteurs décrivent de manière détaillée le rôle de la jurisprudence de la Cour de Justice de l'UE avec de multiples exemples, depuis l'arrêt Costa contre Enel dans les années 1960. Ils notent également que la commission s'appuie sur la cour de justice, dans un ballet totalement anti-démocratique et hors de tout contrôle des électeurs : « les indépendantes se font la courte échelle et le supranational vole au secours de lui-même », comme sur le programme d'assouplissement quantitatif de la BCE, validé de manière un peu complaisante par la cour de Luxembourg. Ils concluent : « la CJUE interprête le droit mais auparavant, elle l'invente. Elle est tout autant tribunal que législateur ».

Le shéma de l'UE, c'est un « maillage serré de normes qui surplombe les Etats membres et enserre leur action » et des instances de l'UE qui « prescrivent aussi le contenu de certaines politiques, notamment de la politique économique ». Ils citent Marcel Gauchet dans « Comprendre le malheur français » : l'UE « favorise un style de gouvernement paternaliste où les gens éclairés prennent entre eux, à bonne distance des passions et des pressions populaires, les décisions qui s'imposent ». Ils rapportent aussi les propos de Marc Joly dans « Le mythe Jean Monnet » : « le mythe Jean Monnet n'est que le mythe rêvé de toute élite du pouvoir : celui d'un despotisme éclairé évitant la lumière ».

Mais le pire vient des eurocrates. Tel Jean-Claude Juncker qui veut « croire obstinément que ni les Français ni les Néerlandais n'ont rejeté la Constitution (…) Ils n'ont pas compris que le texte (…) visait à répondre à leurs préoccupations ». 2008, c'est « la négation de la démocratie » ou Jacques Delors, qui disait en 1999 que « cette construction à l'allure technocratique et progressant sous l'égide d'une sorte de despotisme doux et éclairé, doit se transfigurer dans un projet porteur de sens ». En résumé, pour Coralie Delaume et David Cayla, l'UE se construit « au prix de la démocratie elle-même, dans les pays concernés. Le propre d'une démocratie, en effet, c'est que les choix y sont révocables ».

En fait, dans cette Europe, « bon gré, mal gré, les gouvernements nationaux finissent toujours par se soumettre aux nécessités de l'ordre concurrentiel européen, quitte à répudier leurs engagements électoraux ». En somme, plutôt qu'un déficit démocratique, les auteurs parlent de « démocratie impossible », renforçant ma conclusion qu'il faut une rupture complète et immédiate.

Source : « La fin de l'Union Européenne », Coralie Delaume et David Cayla, Michalon


Demain, je reviendrai sur leur description de la loi de la jungle européenne

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