lundi 16 janvier 2017

Fillon, moitié Laval, moitié Sarkozy ?

Fillon, moitié Laval, moitié Sarkozy ?

Si sa très large victoire surprise aux primaires avait fait de lui le favori incontestable, au point de sembler être inarrêtable, les dernières semaines semblent avoir fragilisé le candidat des Républicains, entre polémiques et rétropédalage sur ses propos de campagne et pilonnage par certains, comme Henri Guaino. Que penser de l'avenir de ce séguino-thatchérien, qui a répondu cette semaine ?



Homme de conviction ou fétu de paille politicien ?

François Fillon a sans doute gagné la primaire du fait de son positionnement plus central par rapport à ses concurrents, et apparemment moins gesticulant que ses deux principaux adversaires. Il y avait une vraie cohérence entre son discours sur un Etat en « faillite », aussi malheureux et absurde cela soit-il, les plans de rigueur de la fin du mandat Sarkozy, et son programme pour 2017. Pourtant, déjà, on ne peut pas dire que la politique menée de 2007 à 2010 était cohérente avec un tel constat. Mais surtout, pour qui prend un peu de recul sur le parcours de Fillon, il est difficile de ne pas être pris par un vertige tant il semble avoir défendu des idées totalement contradictoires, dans bien des domaines.

Comment, en effet, passer de Séguin à un megamix de Thatcher et d'eurobéatitude la plus conformiste ? Ce candidat trouve le moyen de s'être opposé à Maastricht en 1992, tout en ayant soutenu le honteux traité de Lisbonne et fait tout ce qui était demandé pour sauver la monnaie unique ! Il faut rappeler qu'il avait soutenu Balladur en 1995, sans doute un bon indicateur de la cohérence idéologique du personnage… Sa cohérence est également mise à mal par ses allers-retours sur les questions de santé et la disparition de ses propositions de campagne devant la polémique, ou le rétropédalage sur la question de l'annonce du nom de ses ministres quatre mois avant l'élection, évidemment non tenue.

En revanche, sur TF1, il a tenu bon sur la suppression d'un demi-million de postes de fonctionnaires, une proposition qui est totalement effarante alors que nous manquons de professeurs, de forces de sécurité et qu'il ne semble pas non plus que nous ayons trop de personnel de santé… La situation étant déjà très dure aujourd'hui, il est bien évident que cela serait extrêmement brutal. Henri Guaino, que son parcours à l'Elysée n'aide pas, n'est pas le moins sévère sur le sujet, évoquant « une purge jamais proposée depuis la seconde guerre mondiale » et demandant si « la droite n'aurait-elle rien de plus sérieux à proposer qu'une politique obéissant à la même inspiration que celle de Laval en 1935 ».

Mais ce qui était frappant sur TF1, c'était à quel point Fillon ressemble à Sarkozy et Hollande, avec le même culot et la capacité à noyer le poisson, évoquant sa religion et son pseudo-gaullisme pour évacuer le sujet de la brutalité. Nuage de fumée grossier, la dignité humaine n'ayant pas toujours été respectée par ceux qui se réclamaient de l'un ou de l'autre… En fait, Fillon, comme les candidats du PS, Macron ou Bayrou, ce serait très largement la continuité, avec des postures communicantes et aucun travail de fond : pas étonnant qu'il s'inspire de celui qui a été son président quand il était à Matignon pour ses axes de campagne, en parlant de « France forte », avant de suivre l'air du temps à Las Vegas.


Bref, ce qui est navrant pour l'élection de cette année, c'est que l'ensemble des candidats qui sont en haut des sondages sont plus repoussants les uns que les autres. Et François Fillon n'échappe pas à la règle, entre un programme absolument délirant économiquement, et un caractère qui semble démontrer qu'il est de la même veine que les précédentes erreurs de casting logées à l'Elysée.

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