samedi 17 septembre 2016

Ultralibéraux et identitaires : les meilleurs ennemis

Ultralibéraux et identitaires : les meilleurs ennemis

Nous vivons décidément une drôle d'époque. Non seulement nos dirigeants cèdent toujours plus aux sirènes ultralibérales mais le fond de l'air vire aussi de plus en plus identitaire. Les circonstances peuvent expliquer cette évolution, mais on peut aussi voir un lien dans l'ascension de l'un et l'autre.



Cercle vicieux ou alliance inconsciente ?

En effet, on peut penser que l'ultralibéralisme nourrit l'identitarisme de plusieurs manières. Les ultralibéraux défendent le laisser-passer et le mouvement des migrants met une pression sur les salaires en les mettant en concurrence avec les travailleurs locaux, maintenant ainsi un rapport de force le plus favorable possible pour les entreprises. Ces mouvements migratoires créent légitimement une inquiétude pour les locaux, qui voient arriver massivement des personnes qui n'ont pas forcément le mode de vie du pays. Et ces craintes sont renforcées par les idées très multiculturalistes des ultralibéraux, pour qui les modes de vie individuels priment beaucoup trop souvent sur les règles traditionnelles du pays ou du groupe, comme on le voit aussi dans le débat sur le burkini, à l'étrangerou dans notre pays.

En outre, les choix économiques des ultralibéraux accentuent encore les difficultés par le maintien d'un fort niveau de chômage. Cela nourrit doublement les réactions identitaires les plus dures. D'abord, cela rend plus difficile l'assimilation des immigrés : la difficulté à trouver un travail peut aussi compliquer l'intégration culturelle, poussant les immigrés vers leur passé quand le présent dans leur nouveau pays ne leur permet pas de pleinement faire partie de la société. Les difficultés économiques nourrissent doublement la réaction des locaux, qui souffrent d'un rapport de force défavorable aux salariés, et qui apprécient modérément la concurrence avec les populations d'origine étrangère, auxquelles ils peuvent logiquement reprocher leur coût social, même admis par l'OCDE assez récemment.

En outre, la négation ultralibérale du collectif, surtout quand il est national, irrite directement les patriotes. Et en compliquant l'attachement des immigrés aux nations où ils élisent domicile, cela les renvoie forcément à leurs origines, compliquant l'assimilation. S'ils ne les justifient pas, bien sûr, les ultralibéraux nourrissent les dérapages de Ménard (pour qui la France est blanche et catholique) ou Zemmour (et son islamophobie qui s'exprime dans l'assimilation abusive des musulmans avec l'islamisme). Et dans un cercle vicieux, tous ces débats identitaires compliquent le débat économique, renforçant l'ultralibéralisme, qui peut voir dans tous ces débats identitaires un moyen d'étouffer une part du débat et lui permettant de se placer en alternative aux identitaires, le meilleur moyen de devenir majoritaire.


Les politiques ultralibérales provoquent des réactions parfaitement légitimes. C'est ce qui assure le succès des identitaires. Malheureusement, quand l'alternative à l'ultralibéralisme est principalement exprimée par les identitaires les plus excessifs, alors les ultralibéraux ont de beaux jours devant eux… D'où l'importance que les modérés prennent la parole dans le débat sur le burkini par exemple.

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