dimanche 21 août 2016

Quand les défenseurs du burkini pédalent dans la semoule

Quand les défenseurs du burkini pédalent dans la semoule

Les débats sur l'interdiction du burkini se poursuivent, de manière enflammée, comme sur le blog depuis quelques jours. Un débat qui révèle la pauvreté et la myopiede l'argumentation de ceux qui défendent le port du burkini, poussant une majorité grandissante dans le refus de cet outil de promotion de l'islamisme mais aussi d'une vision inquiétante de la place des femmes.



Tout sauf un vêtement comme un autre

Edwy Plenel a été bien mal inspiré de faire du burkini un « vêtement comme un autre », comme le démontre bien, sur Médiapart, qui a eu l'intégrité journalistique de publier un droit de réponse à la prise de position de son patron, une Marocaine de culture musulmane, Fatiha Daoudi. Il est tout de même assez incroyable qu'Edwy Plenel fasse de l'interdiction du burkini un « oubli des libertés fondamentales » et place la défense de son port à la suite de 1789, 1848 ou 1936, même si celle de 1968 peut avoir du sens. Il ose écrire « nous cédons nos libertés individuelles au profit d'une logique autoritaire et discriminatoire qui, dans le premier cas, vise les femmes en continuant d'en faire une minorité politique opprimée, et dans le second cas, vise les musulmanes en les constituant comme minorité à exclure ».

Pour lui, ce serait l'interdiction du burkini qui opprimerait les femmes et ferait des musulmanes une minorité à exclure ! Passons sur le fait qu'il confonde une petite minorité avec l'ensemble des musulmanes. Fatiha Daoudi fait un sort à ses arguments, notant que la comparaison avec la soutane est ridicule puisque cette dernière est portée par des religieux et non par tous les croyants. Elle soutient que « le burkini n'est pas un vêtement professionnel mais une suite logique du voile et de la burqa. C'est un carcan sophistiqué dans lequel on enferme les femmes (…) votre permissivité creuse la tombe des droits acquis par les femmes ». Dans Marianne, c'est la secrétaire nationale du MRC à l'éducation, Fatiha Boudjahlat, qui dénonce aussi cette tribune en y voyant une position raciste et anti-républicaine.

Sur le blog, on m'a signalé la tribune de Nathalie Goulet, sénatrice centriste, qui ne va pas rehausser l'image peu flatteuse que j'ai de cette famille politique. Dans un papier du Huffington Post, très ouvert à la défense du port du burkini, nous avons droit à une série d'arguments plus effarants les uns que les autres : refus de l'islamophobie (faisant du burkini une partie intégrante de la religion musulmane), défense des libertés, et caricature outrancière des arguments du camp adverse. Pourtant, il y a matière à débat, entre la condition féminime ou la place que l'on peut accorder au fait religieux dans le pays de la loi de 1905. Mais plutôt que débattre sur le fond, elle préfère la facilité de l'entretien d'un faux débat : c'est plus facile, comme elle l'avait fait en faisant du « Golfe-bashing une xénophobie populiste ».

Sur le blog, les défenseurs du burkini sont également en grande difficulté, entre comparaisons hasardeuses, et évocation des libertés individuelles. Mais ils finissent par admettre que le port du burkini n'est pas toujours pleinement libre et qu'il est parfois un instrument politique, deux cas de figure qui légitiment parfaitement son interdiction ! D'autres évoquent la pudeur ou la protection des UVs, mais il existe d'autres façons d'atteindre ces objectifs sans avoir recours à un vêtement au sens aussi lourd. Et surtout, il semble toujours y avoir un angle-mort dans leur raisonnement, à savoir les cas de femmes portant le burkini parce que leurs proches leur impose ou celles qui le font parce que c'est le seul moyen d'avoir la paix (raisonnement qui peut valoir pour le voile). Pour celles-là aussi, l'interdiction est souhaitable.


Mais dans les heurts de ces débats, ce que je trouve positif, c'est qu'une grande majorité se rassemble pour l'interdiction du burkini, une partie de la gauche la plus relativiste finissant par comprendre tout ce qu'il y a derrière ce morceau de tissus : un instrument d'oppression des femmes par les islamistes, et une promotion de l'islamisme le plus obscur, auquel il faut s'opposer, et sans doute par la loi.

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