dimanche 14 août 2016

Entretien de Donald Trump pour le Washington Post [1/2]

Entretien de Donald Trump pour le Washington Post [1/2]

Intéressante interview fleuve d’avril 2016 de Trump, que nous avons synthétisée pour vous.

Source : Bob Woodward et Robert Costa, Washington Post, le 2 avril 2016.

trump

Trump vers la candidature à la présidentielle

BOB WOODWARD : Ma première vraie question est : où commence l’histoire de votre décision de vous porter candidat à la présidence ?

DONALD TRUMP : Où commence l’histoire ? […] Je pense que le début était au sommet de l’escalator de la Trump Tower le 16 juin. […] Il y avait tellement de caméras. Tellement qu’elles s’empilaient. L’atrium de la Trump Tower, qui est un très grand bâtiment, était rempli. Cela était vraiment comme les Academy Awards [équivalent des Césars français, NdT].

[…]

DT : […] Je dirais franchement que c’était au début de l’année passée, autour de janvier. Et cela s’est fait en plusieurs fois. Une pendant que j’étais très occupé à faire des affaires. J’y ai sérieusement pensé une fois […]. J’ai fait un discours vers la fin des années 80 dans le New Hampshire mais c’était vraiment un discours qui était… ce n’était pas un discours politique. Mais parce qu’il s’est trouvé être dans le New Hampshire…

[…]

DT : […] La vraie ouverture était la période de Romney, ou sa fin. Cette dernière remonte à quatre ans. Je l’ai vraiment prise en considération. Depuis, je n’y ai plus pensé sérieusement car j’étais occupé à monter mon entreprise et ça marchait bien. Puis je suis monté au New Hampshire et y ai fait un discours. C’est à cause de ça que nous parlons du New Hampshire comme si c’était le départ de la course de Trump. Depuis, beaucoup de gens ont dit que Trump va entrer dans la course. Je n’ai jamais été intéressé. Je pourrais résumer cela en disant que j’y ai vaguement songé, en plus de l’autre fois, quand Romney était dans la course. J’ai bien pensé que Romney était un mauvais candidat. J’ai pensé que – selon moi Obama pouvait être assez facilement défait et même très facilement. Vous savez que nous avions un président qui, disons, s’en sortait assez mal, pour rester poli. J’y ai vraiment réfléchi. Ce ne fut pas très facile car j’avais de grands travaux en cours que je voulais absolument achever. Mes enfants étaient plus jeunes et quatre ans de différence, ça compte. J’avais en plus un contrat signé pour monter “The Apprentice” [émission de téléréalité dans laquelle il a été le premier animateur, NdT] avec NBC. Ce qui ne semble franchement pas beaucoup quand vous parlez de “présidence”, mais avec un spectacle hebdomadaire de deux heures à un moment de grande écoute sur un grand réseau…

[…]

BW : Alors, quand avez-vous dit à quelqu’un de votre famille ou de votre entourage : “J’ai décidé de me lancer.” Autrement dit, j’ai eu le déclic.

DT : En fait, j’en parlais à ma famille tout le temps. Don est l’un de mes fils, et il fait un très bon boulot. Il est très investi dans ce boulot… Don et ma famille, j’en parlais beaucoup de ce sujet. Je disais, “Je n’arrive pas à croire qu’ils sont en train de le faire.” Et autre chose arrivait. Une grande partie du building de la Bank of America située à San Francisco et le 1290 Avenue of the Americas [autre nom de la Sixième Avenue à New York, NdT] m’appartient. Je l’ai pris à la Chine. Je veux dire qu’il appartenait à des Chinois. C’était un gros truc. C’était une guerre, c’était vraiment une guerre.


Le rapport de Trump avec les médias

BW : Vous diriez que le problème vient de la presse, de la couverture médiatique ?

DT : Non, mais je pense… Je dis ça : ma couverture médiatique n’est pas honnête. Elle ne l’est vraiment pas. Je ne dis pas ça comme quelqu’un qui aurait un genre de complexe. Je veux dire que je dis des choses qui sont ensuite rapportées complètement différemment de ce que j’ai dit. Et je vois tout ça – en toute honnêteté, la direction éditoriale du Washington Post. Ça m’a tué. Quand j’ai quitté, la pièce, je croyais que tout allait bien.

[Vers le milieu de l'interview]

DT : J’adorerais continuer ça. Je passe vraiment un bon moment. Je vais probablement finir par maudire cette journée. Je vais me dire, comment ils ont pu dire des trucs pareils sur moi ? Mais vraiment, j’adore ça…

BW : Je comprends ça. Et vous savez, ce sont des questions si sérieuses, et vous y répondez avec – vous êtes clair et direct. J’apprécie beaucoup.

[Plus tard]

DT : Les médias me traitent de manière injuste, et très incorrecte. […] Eh bien, je crois qu’ils s’intéressent plus à faire des coups. J’ai fait une chose l’autre jour avec – sur CNN – avec Anderson Cooper. Je ne sais pas si vous avez vu les audiences. […] Elles sont sorties – je viens de les avoir. Elles ont crevé le plafond. Là. La mienne a crevé le plafond, je veux dire : mon heure a crevé le plafond. Maintenant, il y a du bon et du mauvais. Le mauvais est qu’ils veulent trop me suivre, et ils écrivent des choses qu’ils ne devraient peut-être pas. Mais ces courbes étaient phénoménales. Gagnant de la soirée, battu tout le monde, etc., etc. Mon segment, pas les autres. Les autres segments ont bien fonctionné, mais mon segment a été une des meilleures audiences depuis longtemps et a battu tout le monde sur le câble – battu tout le monde à la télévision ce soir-là. Vous jetterez un œil. Il y a du bon et il y a du mauvais. Le mauvais est qu’ils ne veulent rien faire d’autre que me couvrir. Ils écrivent des histoires qui sont – qui n’ont même pas de sens. Je dis juste, j’aimerais être traité de manière vraie et juste par les médias.

BW : Pourquoi, alors ? Est-ce de l’idéologie, de l’esprit partisan, de la paresse ? C’est quoi ?

DT : Eh bien, il peut y avoir de la paresse. Aujourd’hui, ils veulent des clics. Dans le temps, ils voulaient de l’audience, ou ils voulaient vendre des journaux. Aujourd’hui, ils voient si quelqu’un clique. Alors ils écrivent une histoire sur moi et ils ont des clics de partout. Ils font une histoire sur quelqu’un d’autre, ça ne compte pas. C’est tout ce que je peux dire. J’aimerais être traité équitablement par les médias. Si j’étais traité équitablement par les médias, je crois que vous verriez une grande différence dans l’alliance et la construction de cette alliance et sur un tas de choses. Mais ceci dit, je ne suis pas prêt pour construire une alliance. Autre chose. Je vous ai dit ça. Nous recevons des appels de tellement de monde à qui vous parlez, vous leur parlez, et ils disent oh on n’aime pas Trump, nous devons arrêter Trump. Ils m’appellent. Ils vous parlent et ils m’appellent. Parce qu’ils pensent que je vais gagner.

[A la fin de l'interview]

DT : Je vous demande juste de me traiter équitablement. Traitez-moi équitablement… En fait, la vérité est que c’était très intéressant. Personne ne m’avait posé ces questions.


Trump, la présidence et les valeurs

BW : Sans noms […] de vice-présidents, quels seraient le rôle et les responsabilités de votre vice-président, si vous étiez élu, si vous gagniez l’investiture ?

DT : Eh bien, son rôle numéro un est d’être un grand président si quelque chose arrivait. Ok ? Ca a toujours été le rôle numéro un pour un vice-président… Après, je vais vous dire franchement, il doit être quelqu’un qui peut vous aider à être élu. Et troisièmement, quelqu’un qui vous aide avec le Sénat et la Chambre. Donc ça doit être une personne politique. En d’autres termes, je n’ai pas besoin d’un autre grand homme d’affaires comme moi et – je n’ai pas besoin de ça. […] Quelqu’un qui peut entrer dans le Sénat et qui a été ami avec ces gens depuis 25 ans. Et avec qui les choses avancent. Alors à 95%, je me vois choisir une personne politique, en opposition à quelqu’un de l’extérieur. […] Ce serait le vice-président – je voudrais avoir quelqu’un… Par exemple, quelqu’un comme Ben Carson. Quand Ben Carson est venu vers moi – pas forcément vice-président – mais quand il a appelé, il a appelé, il a dit “Ce que vous faites est fantastique. C’est un mouvement. Et vous le voyez.” Quand j’annonce que je vais aller à Tampa trois jours avant, et que, trois jours après, nous y sommes, il y a 25 000 personnes dans le stade des équipes de sport professionnelles…

[…]

RC : Alors, pour rester dans le thème de la présidence pour une seconde, je ne pense pas que tant de gens que ça sachent à quel point vous valorisez la discrétion et la loyauté dans vos affaires. […] Une chose que je me suis toujours demandée, allez-vous faire signer une clause de non divulgation aux employés du gouvernement fédéral ?

DT : Je crois qu’ils devraient. Vous savez, quand quelqu’un – je vois ça tout le temps… Je ne sais pas, il pourrait y avoir une loi disant que vous ne pouvez pas faire ça. Mais quand les gens sont choisis par un homme pour entrer au gouvernement à haut niveau, et qu’ils quittent le gouvernement et écrivent un livre sur un homme et disent des tas de choses qui étaient très personnelles et privées, je n’aime pas ça. Je veux dire, je vais être honnête. Les gens diraient “Oh, c’est terrible, vous le privez de sa liberté d’expression.” Bon… Je dirais… J’ai des accords de non divulgation, c’est pour ça que vous ne lisez pas que…

[…]

RC : Mais c’est très différent quand vous êtes au gouvernement fédéral.

DT : C’est différent. Je suis d’accord. C’est différent. […] Je vais vous dire, il faudra que j’y réfléchisse. Il faudra que j’y réfléchisse. C’est une affaire différente, conduire une entreprise privée où je paie les gens très chers, et ils sortent et…

BW : Les contribuables paient le personnel du gouvernement fédéral.

DT : Bien sûr. Bien sûr. Et il peut arriver qu’ils ne fassent pas du très bon travail, et alors vous les renvoyez et ils finissent par écrire un livre sur vous. Alors c’est différent. Je dirais que dans un gouvernement fédéral c’est différent. Alors c’est quelque chose à quoi il faut que je réfléchisse. Mais vous savez, je le fais dès maintenant. J’ai des milliers et des milliers d’employés, des milliers, et chacun d’eux a signé un accord, un… j’appelle ça une confidentialité.

BW : Disons que vous soyez élu président. Est-ce qu’un seul mandat de quatre ans suffirait ?

DT : Je dirais ceci : j’ai vu des gens faire des déclarations pour le Sénat et pour d’autres positions […]. Je voudrais dire que chaque fois que j’ai vu quelqu’un faire cette déclaration, et ensuite se sentir bien, croyant faire un excellent travail, et être candidat, ils perdent à cause de cette déclaration. Alors je ne veux jamais dire que quatre ans… Je ne voudrais jamais me limiter à quatre ans. Je crois que je peux faire un immense travail en quatre ans. Une de vos questions, j’ai remarqué, est “Qu’est-ce que je ferais au cours des 90 premiers jours de mon mandat ?” – nous en parlerons après. […] Mais, je crois que je peux faire un splendide travail. Voici ce que je pense : si je fais un excellent travail et si je me sens bien, je dirais que je repartirais pour quatre ans de plus. Parce que là encore, je ne veux pas m’imposer ce fardeau. Si je fais du bon travail, je devrais avoir le droit de le faire. Je dis ça uniquement parce que vous savez, Bob, j’ai vu tellement de gens le dire. Même pour des fonctions locales. S’ils décident d’y aller, ils perdent toujours parce qu’ils font cette déclaration. Alors je ne veux pas dire ça. Mais je crois que je pourrais faire un travail fantastique en quatre ans.

[…]

DT : Le but, pour moi, est de redonner sa grandeur à notre pays. […] Pour moi, le but, c’est quand je dirai, félicitations tout le monde, mon travail est fini. Nous rendrons notre pays financièrement fort de nouveau. Il y a une femme qui est venue vers moi. Une femme fantastique. J’ai dit ça une ou deux fois pendant le discours. Elle a dit “M. Trump, je vous aime. Vous êtes incroyable. Je vote pour vous à 100%, mais pourriez-vous arrêter de dire que vous allez rendre à nouveau notre pays riche ?” J’ai répondu, “Je vois ce que vous voulez dire – ça ne sonne pas bien. Mais sans redevenir riches, nous ne pouvons pas redevenir grands.” Je vais rendre ce pays riche de nouveau. […] Nous ne pouvons pas protéger le monde entier. Regardez notre budget militaire, il est énorme comparé à n’importe quel autre pays. Mais qu’est-ce qu’on fait ? Nous nous occupons des besoins militaires de tous ces autres pays. Ces pays sont bien plus riches que nous. Nous ne sommes pas un pays riche. Nous sommes une nation débitrice. Nous devons nous débarrasser de – j’ai parlé d’une bulle. Nous devons nous débarrasser des 19 000 milliards de dollars de dettes.

BW : Ça prendra combien de temps ?

DT : Eh bien, je dirais sur une période de huit ans. Et je vais vous dire pourquoi. […] Je renégocie tous nos accords, Bob. Les grands accords commerciaux qu’on est en train de mener si mal. Avec la Chine, 505 milliards de dollars de transactions cette année. Nous perdons avec tout le monde. Beaucoup de ces accords – des tas de gens disent, comment les politiciens peuvent-ils être aussi stupides ? Ce n’est pas qu’ils soient stupides. C’est qu’ils sont contrôlés par des lobbyistes et des intérêts particuliers qui veulent que ces accords soient faits.

[…]

DT : Une chose rapide que je vais faire, beaucoup de gens disent, oh, les juges… Pour moi, les juges – parce qu’il va y en avoir beaucoup dans les quatre prochaines années. Nous en avons déjà un qui était inattendu à Scalia. Alors les juges vont être importants. Vous allez avoir soit des juges super libéraux, ou vous allez avoir des juges conservateurs. Tellement important. Ils ne me connaissent pas assez bien. Bon, quel genre de juges ? Je vais faire une chose. C’était mon idée, et je crois que c’était une bonne idée. J’ai parlé au sénateur Sessions et à d’autres personnes, et je reçois des noms. Les fédéralistes. De très bonnes personnes. La Fondation Héritage. Je reçois des noms, et je vais proposer une liste de 10 noms, 10 ou 12 noms, comme juges. Je vais annoncer que ce sera les juges que je vais nommer, sans ordre particulier. Et je vais le garantir. Je vais le dire aux gens. Parce que les gens s’inquiètent que, oh, par exemple, peut-être qu’il va nommer les mauvaises personnes. Des gens comme – ma sœur est à la cour d’appel. Très intelligente. Elle est une personne très intelligente, très hautement respectée. Très intelligente.

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