mardi 21 juin 2016

Les Républicains ont un énorme problème de carte électorale qui n’a rien à voir avec Donald Trump, par Chris Cillizza

Les Républicains ont un énorme problème de carte électorale qui n'a rien à voir avec Donald Trump, par Chris Cillizza

Source : The Washington Post, le 02/05/2016

Donald Trump a remporté une écrasante victoire lors de la primaire républicaine d’Indiana. Voici comment. (Peter Stevenson/The Washington Post)

Politico a publié aujourd’hui un sondage fait en Floride pour un groupe d’affaires qui montre Hillary Clinton vainqueur de Donald Trump par treize points et de Ted Cruz par neuf.

Pourquoi cela est-il important ? Parce que si Hillary Clinton remporte la Floride et les 19 États qui ont voté pour le candidat présenté par le Parti démocrate à la présidence dans chacune des six dernières élections, elle sera le 45ème président. C’est aussi simple que cela.

Voici à quoi ressemblerait cette carte :

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Et voici les calculs qui expliquent cette victoire. Si Hillary Clinton remporte les 19 États et le District de Columbia que chaque candidat démocrate a remportés depuis 1992 jusqu’à 2002, elle a 242 voix de grands électeurs. Ajoutez les 29 de Floride et ça vous fait 271. La partie est terminée.

La carte républicaine, que soit désigné Trump ou Cruz ou qu’on ait un candidat de rêve (Paul Ryan ?) comme porte-drapeau, est décidément moins attirante. Il y a 13 États qui ont voté pour le candidat républicain dans chacune des six dernières élections, ce qui fait un total de 102 voix de grands électeurs. Cela signifie que le candidat doit trouver encore 168 voix pour arriver à 270, ce qui est fichtrement plus difficile que d’en trouver 28.

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Beaucoup de Républicains, surtout à Washington, se préparent déjà à une défaite cet automne, défaite que beaucoup considèrent inévitable, compte tenu de la personnalité clivante de Trump. Ce n’est toutefois pas entièrement juste pour Trump.

Même si ses scores décourageants chez les femmes et les Hispaniques, pour prendre deux groupes, n’arrangent pas les choses et pourraient, dans le pire scénario pour les Républicains, faire passer des États comme l’Arizona et même l’Utah aux Démocrates, les problèmes de carte qui se posent aux Républicains ont très, très peu à voir avec Trump ou même Cruz.

Ils sont plutôt, en grande partie, dus à des problèmes démographiques et à l’incapacité du Grand Old Party de rallier à lui de larges pans d’électeurs non blancs. Le Nouveau Mexique, un État où presque la moitié de la population est latino, en est l’exemple type. En 2004, George W. Bush l’a emporté dans « le Pays enchanté » lors de sa seconde élection et il avait 558 voix de plus que John Kerry. Huit ans plus tard, Barack Obama a remporté cet État avec 10 points de plus que Mitt Romney et aucun des partis ne s’était particulièrement intéressé au Nouveau Mexique.

Ce qui est de plus en plus évident, c’est qu’il est devenu de plus en plus difficile pour les Républicains de remporter quelque État que ce soit avec une importante population non blanche ou une population qui se diversifie de plus en plus. La Virginie et la Caroline du Nord, depuis longtemps des bastions républicains, se rapprochent, ces temps-ci, de plus en plus des Démocrates. (Barack Obama a remporté les deux États en 2008, mais seulement la Virginie en 2012.)

Et dans le même moment où ces États sont de plus en plus attirés par les Démocrates, il y a très peu d’États à être de plus en plus attirés par les Républicains. Il y a certes le Wisconsin et le Minnesota, mais aucun des deux ne se précipite encore dans les bras des Républicains.

On se trouve donc en face d’une carte électorale où le candidat Démocrate commence la campagne avec une sérieuse avance sur le Républicain, ce qui est le contraire de ce qui se passait dans les années 80. Et cette avance est totalement indépendante de la personnalité même du candidat, de ses forces ou de ses faiblesses. Oui, Trump est un candidat plus problématique que Ryan, mais il est faux de penser que Ryan commencerait la campagne avec une chance sur deux d’être élu Président.

Le problème de la carte électorale est plus profond que Trump ou tout autre candidat. Ceux qui blâmeraient Trump pour la défaite en novembre ne comprendraient pas la véritable nature du problème, mais, ce faisant, ils garantiraient que les Républicains soient condamnés à répéter l’histoire en 2020.

Source : The Washington Post, le 02/05/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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