mercredi 11 mai 2016

Que penser des 180° de Donald Trump sur le SMIC et les impôts ?

Que penser des 180° de Donald Trump sur le SMIC et les impôts ?




Opportunisme au carré ou vraie (nouvelle) conviction ?

Le changement est spectaculaire : alors qu'il disait que 7,25 dollars de l'heure était « trop élevé », il affirme désormais « je ne sais pas comment les gens s'en sortent à 7,25 dollars de l'heure (…) je n'ai encore rien décidé en termes de chiffres. Mais je pense que les gens doivent recevoir plus ». Idem sur le taux d'impôt des plus riches : alors qu'il prévoyait une diminution du taux marginal, de 39,6 à 25%, il affirme maintenant qu'il va « un peu augmenter (…) Je suis prêt à payer plus. Et vous savez quoi ? Les riches sont prêts à payer plus ». Devant les réactions, il a dit « c'est vrai, c'est un revirement. J'ai le droit de changer d'avis » tout en nuançant « je ne suis pas en train de croire que cela pourrait être adopté ». Hillary Clinton a répliqué en invitant ses compatriotes à « ne pas croire à ce revirement ». 

Bien sûr, des changements aussi radicaux en pleine campagne créent un fort doute. Néanmoins, il faut aussi se souvenir que Donald Trump était déjà plus modéré que ses rivaux républicains économiquement, au point de s'être attiré il y a quelques mois le soutien, partiel bien sûr, de Paul Krugman, le « prix Nobel d'économie » qui penche pourtant plutôt pour les démocrates, et pas forcément les plus centristes.  Bref, ce changement de fusil, aussi fort soit-il, n'est pas totalement incohérent avec le discours économique global du futur candidat républicain, qui adopte un discours économique décidément éloigné de l'extrémisme libéral de ses rivaux malheureux, piochant dans les discours des deux candidats démocrates plutôt que de se laisser entrainer dans la dérive droitière effarante de ceux qu'il a battu.

En soit, cela est plutôt positif, même si des doutes persisteront toujours étant donnés les grands écarts que Donald Trump fait. On peut se demander s'il ne s'agit pas ici un moyen de se rallier plus encore les classes populaires, face à une Hillary Clinton qu'il peindrait comme la candidate de Wall Street. La manœuvre est un peu grosse de la part d'un magnat milliardaire, mais le tir de barrage des médias et des élites de son parti a sans doute donné beaucoup de crédits à un Trump paradoxal candidat anti-élite, ce qu'il parachève avec son 180° sur le SMIC et l'imposition des plus riches. Après le succès de Bernie Sanders, on pourrait finir par croire qu'il va essayer de rallier une partie des électeurs du sénateur du Vermont pour essayer de défier les sondages qui le donnent largement perdant face à Hillary Clinton.

Difficile de savoir en revanche si un président Trump aurait la volonté, puis réussirait, à mettre en place de telles mesures, tout comme un protectionnisme contre la Chine. Sa grande flexibilité idéologique amène à douter de sa sincérité et à craindre que ce ne soit que des postures.

Aucun commentaire: