lundi 9 mai 2016

Les côtés obscurs de la croissance Irlandaise

Les côtés obscurs de la croissance Irlandaise

L'Irlande est souvent montré en exemple pour justifier les plans européens, argument qui est nourri par les performances économiques du pays, et sa croissance de pays émergent en 2015, avec une hausse de 6.9% du PIB en 2015. Sauf que les statistiques du PIB sont trompeuses pour ce pays.



La croissance… des multinationales

En effet, les statistiques Irlandaises sont extraordinairement trompeuses et il faut faire la différence entre le PIB et le PNB. Le premier mesure la production réalisée au sein d'un pays, le second celle par l'ensemble des ressortissants du pays. Comme l'explique ce site « pour calculer le PNB, on ajoute au PIB la somme des revenus des facteurs en provenance du reste du monde, et on retranche la somme des revenus des facteurs de production versés au reste du monde ». En clair, le PIB inclut tous les versements faits par les filiales des multinationales basées en Irlande pour y localiser un maximum de profits, par des manœuvres comptables diverses et variées (notamment autour de la propriété intellectuelle), et ainsi ne payer sur leurs profits que le très faible taux d'Impôt sur les Sociétés de l'Irlande.

Mais du coup, cela biaise considérablement les statistiques, puisque l'écart va croissance entre PNB, qui mesure la production nationale, et le PIB, qui inclut les flux financiers colossaux des multinationales qui sont installées en Irlande. Aujourd'hui, le PNB Irlandais est près de 20% inférieur au PIB, alors qu'il n'était que 5 à 10% inférieur jusqu'à la fin des années 1990. Le décalage est tel qu'au premier trimestre 2011, par exemple, le PIB avait progressé de 1,3% quand le PNB s'était effondré de 4,3% : en clair, les effets dévastateurs des plans européens sont à peine perceptibles dans les statistiques du PIB, qui sous-estiment largement l'état de l'économie Irlandaise et le décalage continue aujourd'hui, puisqu'il est clair que la croissance du pays pour ses habitants n'est pas aussi forte que le dit le PIB…

C'est ce que j'avais évoqué début 2013 et ce sur quoi Romaric Godin a consacré un long, très documenté et passionant papier qui démontre le décalage colossal qui existe entre les statistiques du PIB et la situation de la population. Il rappelle ainsi que le nombre de pauvres a doublé depuis 2008, à 8% de la population, et on atteint le double avec ceux qui sont « en risque de pauvreté ». Le pays souffre également du départ d'une partie non négligeable de sa population. Bref, même si le taux de chômage a beaucoup baissé, après être monté dans des proportions colossales, la situation est d'autant moins normalisée que le pays doit affronter une dette publique qui a explosé depuis 2008, à plus de 100% du PIB, contre moins de 40% en 2008. Dublin n'a pas fini de payer la note des excès de la spéculation.

Bref, à ceux qui brandissent la pseudo-réussite de l'Irlande, il faut rappeler tous ces éléments, qui remettent à leur juste place des statistiques partielles et partiales, qui reflètent davantage la désertion fiscale pseudo-légale des multinationalesque l'amélioration des conditions de vie de la population.

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