jeudi 7 avril 2016

Référendum sur l’Ukraine : les Pays-Bas disent « Non » à 61%

Référendum sur l'Ukraine : les Pays-Bas disent « Non » à 61%

Pour mémoire, c’est le 1er référendum d’initiative populaire des Pays-Bas, ce droit ayant été concédé en juillet 2015.

Ces référendums sont simplement consultatifs, et doivent obtenir 30 % des voix pour êtres valides (pourquoi me direz-vous, vu que c’est consultatif – hmmm, no sé…), ce qui a été le cas.

Aucune inquiétude, ça va sûrement être contourné (pour le moment, le Premier Ministre a dit qu’il allait suspendre le processus de ratification, mais on voit le genre : négociations, re-vote etc…), mais bon, tout démocrate devrait être ravi ce soir (quel qu’en ait été le résultat d’ailleurs…).

Vivement qu’ils en fassent un sur le TAFTA, ce sera drôle…

Source : Le Soir, 06/04/2016

Il s'agit d'un nouveau camouflet infligé à la construction européenne.

Le référendum néerlandais sur l'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne est valide, a affirmé mercredi soir l'agence de presse néerlandaise ANP.

Se fondant sur les résultats de 191 municipalités, l'ANP prévoit une victoire du non avec 61% des voix, contre presque 38% pour les partisans de cet accord, avec une participation de 32 %, dépassant les 30% nécessaire pour la validation du scrutin. [NB. Résultat définitif]

« Crise européenne »

Le référendum — dont les organisateurs admettent qu'il ne concerne pas l'Ukraine mais répond à une animosité plus large envers l'UE — était suivi de près par les Européens, Kiev et Moscou. Les résultats seront également examinés à la loupe en Grande-Bretagne, quelques mois avant le vote de juin sur une sortie de l'Union européenne, surnommée «Brexit».

Le Premier ministre libéral Mark Rutte, qui a voté dans une école primaire de La Haye, avait appelé dans la journée ses concitoyens à approuver l'accord, qui vise à renforcer le dialogue politique ainsi que les échanges économiques et commerciaux entre l'UE et l'Ukraine.

«Nous devons aider l'Ukraine à bâtir un Etat de droit, à construire sa démocratie, à soutenir ses minorités, notamment les juifs, et la communauté homosexuelle», a-t-il lancé. «L'Europe a besoin de stabilité à ses frontières extérieures».

OB : Bon, moi il me semblait que le souci MAJEUR était actuellement surtout avec la minorité russe, mais bon, je suis un peu bête…

Les Pays-Bas sont le dernier pays de l'UE à ne pas avoir ratifié l'accord, qui a cependant reçu le feu vert du Parlement. Le vote de mercredi n'est pas contraignant mais un non «pourrait ouvrir la voie à une crise européenne», avait prévenu le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Source : Le Soir, 06/04/2016

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Source : Jean Quatremer, Libération, 07/04/2016

Les Pays-Bas vers le «Nederxit» ?

Plus de 12 millions de Néerlandais votaient mercredi sur l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine. Le «non» massif a des allures de coup de tonnerre…

Après le «Grexit», évité de justesse en juillet 2015, et le possible «Brexit» à venir (le 23 juin), le «Nederxit» ?

OB : Mais on va se demander QuiRestexit en fait…

En effet, selon les sondages de sortie des urnes, les citoyens néerlandais ont voté, ce mercredi, par 64 % contre 36 % contre la ratification de l'accord d'association entre l'Europe et l'Ukraine. Même si la consultation ne portait pas directement sur l'appartenance à l'Union des Pays-Bas, l'un des six membres fondateurs de la construction communautaire, c'était bien la question qui était posée en filigrane. Cette réponse négative pourrait ouvrir une nouvelle crise européenne, une de plus, «à l'échelle continentale», selon l'expression de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, si le taux de participation dépasse les 30 % requis pour que le référendum soit validé (l’estimation à 21 heures se situait entre 29 et 32 %).

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Résultat définitif : Participation 32 %, Non : 61 %

Cette consultation d'initiative populaire, une première, ce droit ayant été seulement reconnu en juillet 2015, a été lancée par le collectif GeenPeil («pas de sondage») qui rassemble deux think tanks eurosceptiques et le site GeenStijl.nl, afin d'obtenir l'annulation de la loi néerlandaise autorisant la ratification de l'accord d'association. Il fallait, pour l'organiser, réunir 300 000 signatures, objectif largement atteint avec 428 000 paraphes obtenus en six semaines seulement. L'extrême droite (PVV de Geert Wilders qui est en tête des intentions de vote dans les sondages), la gauche radicale (SP) et le «Parti pour les animaux» (PvdD), en bref tout ce que ce pays compte comme partis europhobes, se sont joints à cette campagne. Car, même si ce référendum est en théorie consultatif, le Parlement néerlandais sera politiquement obligé d'en tenir compte si, au final, la participation dépasse bien les 30 %.

La campagne du «non», comme celle qui a eu lieu en 2005 aux Pays-Bas sur le traité constitutionnel européen (non à 61,5%), a fait feu de tout bois et a été particulièrement virulente dans un pays travaillé par l'euroscepticisme et par la défiance à l'égard des partis politiques de gouvernement, à l'image de ce qui se passe ailleurs en Europe : crainte d'un possible élargissement de l'Union à l'Ukraine, peur d'être envahi par les travailleurs ukrainiens, dénonciation de la corruption endémique de ce pays (le président Petro Porochenko est impliqué dans le scandale des Panama papers), rappel de la catastrophe du Boeing MH-17 de la Malasya Airlines abattu en juillet 2014 au-dessus de l'Ukraine et qui transportait de nombreux Néerlandais, rejet l'euro, des migrants, des réfugiés, peur qu'un super-Etat européen raye de la carte le pays et bien sûr critique du bilan du gouvernement libéral-social-démocrate de Mark Rutte…

OB : In-com-pré-hen-sible qu’ils aient voté non…

Une Union européenne ingouvernable ?

Cette addition des peurs et des mécontentements a finalement, comme on pouvait le craindre, débouché sur un non massif. D'autant que les partisans du «oui», essentiellement les partis de gouvernement, ont eu du mal à faire entendre leurs arguments sur un texte extrêmement technique qui vise à créer une zone de libre-échange entre Kiev et l'Union afin d'aider économiquement ce pays ravagé par la guerre.

C’est bien entendu un mensonge : bien entendu, la zone de libre est prévue dans les négociations depuis des années, et elle n’a aucunement pour but d’aider ce pays ravagé par la guerre – vu qu’elle a justement été déclenchée au final par ce funeste traité…

Mais c’est comme avec la Turquie : si on commençait par un référendum de principe pour ouvrir les négociations, ça éviterait les problèmes des années après vu qu’on n’en veut pas…

Enfin, si le texte est une horreur de centaines de page, n’importe qui comprend bien ce que veut dire “libre échange” avec un pays dont le salaire minimal tourne autour de 50 € par mois…

Surtout, après avoir eux-mêmes pratiqué la critique tous azimuts de l'Europe à des fins électorales, ils ont été pris à leur propre piège… Comment mobiliser un électorat que l'on a consciencieusement éloigné de l'Europe ? Ce n'est donc pas un hasard si les Néerlandais se sont massivement désintéressés de ce scrutin et si ce sont les partisans du «non» qui se sont mobilisés afin de le transformer en un vote de défiance à l'égard de l'Union, un argument autrement plus vendeur que l'accord d'association proprement dit. Un pari gagné.

Quelles seront les conséquences de ce refus populaire, si le seuil des 30 % est finalement atteint ? En bonne logique, le Parlement néerlandais devrait le dénoncer, ce qui rendrait ce texte caduc, puisque l'unanimité des États est requise dans ce domaine. Un «opt out» néerlandais, envisagé par certains responsables néerlandais, serait difficile à appliquer puisque le pays restant dans l'Union, les marchandises, les services, les capitaux et les hommes continueront à circuler librement. Techniquement, rétablir des contrôles aux frontières néerlandaises afin de bloquer tout ce qui provient d'Ukraine est impossible, car cela constituerait une violation des règles du marché intérieur et de Schengen. La seule option semble donc être la dénonciation de l'accord d'association, ce qui risque de déstabiliser davantage l'Ukraine…

En réalité, l'irruption de la démocratie directe dans le champ de la politique commerciale et des relations extérieures de l'Union va réduire à néant toutes ses marges de manœuvre, les traités internationaux pouvant désormais être remis en cause, à tout moment, par un seul pays.

Le risque de contagion est énorme : les partis populistes d'autres pays auront beau jeu de réclamer les mêmes droits que les Néerlandais au nom de la démocratie.

Moi j’aurais dit “n’importe quel parti démocratique”, mais bon…

D’ailleurs, ce n’est pas censé être ça “l’harmonisation européenne”, “plus de Démocratie”, “plus de droits”, toutçatoutça ?

Mais bon, c’est vrai que, finalement, un parti qui demande que le peuple vote, est populiste, étymologi7quement. Les autres sont élitistes.

En clair, l'Union deviendrait imprévisible et partant ingouvernable. En outre, le vote négatif néerlandais va renforcer les partisans d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, ceux-ci trouvant là à la fois un argument supplémentaire sur le refus des peuples de poursuivre l'aventure européenne et sur sa paralysie annoncée…

Enfin, à plus long terme, c'est la place des Pays-Bas au cœur de la construction communautaire qui est désormais posée : les europhobes néerlandais ne désespèrent pas de pouvoir organiser à terme un référendum sur une sortie de leur pays de l'Union, comme le souhaite le PVV qui caracole actuellement en tête des sondages, tout comme le FN en France, son parti frère.

OK, la pub pour le FN a bien été faite (normal quand on parle d’un référendum néerlandais), tout va bien

Or, un «Nederxit» serait autrement plus mortel pour l'Union qu'un «Brexit», le Royaume-Uni bénéficiant déjà de nombreuses dérogations à la différence des Pays-Bas.

Tiens, ça, ça sent le sapin à cause du Brexit non ?

Dire qu'à Bruxelles on est inquiet est un euphémisme.

#UEDelendaEst

Source : Jean Quatremer, Libération, 07/04/2016

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Conclusion :

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Peuple sage : peuple votant comme M. Quatremer #DémocratieToutCourt

Vous allez voir qu’ils vont dire que ce sont les Pays-Bas qui déstabilisent l’Ukraine maintenant – alors qu’il y a 5 ans, seuls des défoncés au cracks auraient imaginé que cette ex-République de l’URSS quasi-recordman mondial de la corruption se joindrait à l’UE. L’UE : “Ils sont venus, Ils ont merdé, C’est de votre faute…”

Bonus qui n’a rien à voir, mais on prend quand même :

qutremer

P.S. : Bonus 2 : on voit que les médias se sont mobilisés sur le sujet – ce soir à 0h40 :

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