vendredi 15 avril 2016

Hollande : exercice de communication laborieux pour père Noël libéral

Hollande : exercice de communication laborieux pour père Noël libéral

Hier soir, le président de la République est intervenu pendant deux heures sur France 2 dans une émission au format bien étudiée pour le mettre en valeur, jusque dans le casting des quatre Français qui ont pu lui poser des questions. Une parfaite illustration de l'impasse de son mandat.



Une machine aux grosses ficelles, qui tourne à vide

Le casting des Français confrontés à François Hollande était un peu caricatural, entre la chef d'entreprise qui trouvait qu'on n'en fait pas assez pour les entrepreneurs, la mère d'un djihadiste, l'électeur du Front National, modéré, et enfin le jeune électeur déçu. Ce qui est assez frappant finalement, c'est de constater que trois des quatre intervenants faisaient partie des classes supérieures et le fait d'avoir écarté des choix des membres des classes populaires. Pas de chômeur, alors même qu'il a lié son destin à la réduction du chômage. Qu'il est significatif d'avoir choisi de donner la parole à un patron plutôt qu'à un chômeur. Cette patronne qui osait faire la victime face à un président qui a donné 50 milliards aux entreprises et qui va significativement simplifier le droit du travail en leur faveur !

Ce faisant, au global, contrairement à ce qu'en ont retiré certains éditorialistes, Hollande a très largement persisté dans sa ligne à droite économiquement, en valorisant toutes ces mesures ou en théorisant sur la destruction créatrice du capitalisme, soutenant « qu'il y aura toujours des entreprises qui fermeront, ce qui compte, c'est qu'on créé des entreprises ». Bien sûr, il a valorisé quelques mesurettes, mais il a également défendu l'absence de coup de pouce au SMIC, alors même que les pays anglo-saxons commencent à se poser des questions sur l'insuffisance des salaires minimums. Le président de la République a défendu son bilan en mettant en avant la légère accélération de la croissance, les créations d'emplois ou la baisse des déficits, mais tout ceci reste bien anecdotique sur le fond.

Bien sûr, Hollande peut valoriser les annonces des derniers mois puisque le niveau exceptionnellement bas des taux d'intérêts produit des économies qui lui permettent à la fois de réduire les déficits et de retrouver quelques marges de manœuvres budgétaires pour faire quelques annonces et donner quelques centaines de millions pour les personnes en colère, que ce soit les agriculteurs, les taxis, les jeunes, à qui l'on vient d'annoncer pour 500 millions d'euros de mesures, les fonctionnaires, dont le point d'indice va remonter un peu, les forces de l'ordre, et les ménages qui vont voir leurs impôts baisser. Mais cette logique électoraliste un peu grossière pourra-t-elle convaincre les électeurs de voter pour ce président à la petite semaine et aux manœuvres tellement prévisibles et un peu trop faciles.


Bref, ce n'est pas cette émission qui permettra au président de redresser sa côte de popularité : les ficelles sont trop grosses pour ne pas rappeler aux Français qu'il n'est qu'un politicien qui a échoué parmi les autres. Sa seule et dernière chance, outre un léger regain conjoncturel, et ses manœuvres pour réduire les statistiques du chômage, c'est d'affronter des alternatives qui paraitraient encore pires.

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