mercredi 9 mars 2016

L'armée de l'air ne peut pas déployer plus de vingt avions de combat, la surchauffe guette les aviateurs français...

L'armée de l'air ne peut pas déployer plus de vingt avions de combat, la surchauffe guette les aviateurs français...

Emplois, justice, armée, aides sociales, hôpitaux, écoles, la dette, on vous a expliqué par le détail les raisons de ce désastre. On verra bien aujourd'hui si les Français(es) se sentent concernés par l'assassinat (prémédité) de notre pays...

Le général Lanata, chef d'état-major de l'armée de l'air, s'inquiète : sur la durée, la surchauffe guette les aviateurs français...

Lors d'une réunion avec l'association des journalistes de défense (AJD), mardi 8 mars, le général d'armée aérienne André Lanata, chef d'état-major de l'armée de l'air, a confirmé que des avions militaires français conduisent actuellement des opérations de renseignement au-dessus de la Libye. Mais rien de plus : « Il n'y a pas eu de décision d'intervention en Libye : nous faisons de la reconnaissance pour documenter le théâtre d'opérations. »

Ces vols ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) avaient été révélés en décembre dernier par la présidence de la République dans le dossier de presse remis aux journalistes qui suivaient le président François Hollande sur le porte-avions Charles de Gaulle, alors déployé en Méditerranée orientale. Pour autant, le général Lanata insiste sur le fait que la France n'a pas effectué de frappes avec les moyens qu'il administre : « La France n'a pas vocation à régler toute seule la sécurité sur l'ensemble de la planète. » Et d'ajouter que si une intervention militaire aérienne coercitive devait se produire contre des cibles en Libye, elle se ferait « en coalition ».

Pilotes en surchauffe

Interrogé sur le détail des missions aériennes en cours, le général a précisé qu'elles concernent vingt avions de combat engagés dans deux régions lointaines - les opérations Barkhane au Sahel et Chammal au Moyen-Orient. Les appareils Mirage 2000 et Rafale sont déployés sur quatre bases « projetées » : N'Djaména (Tchad), Niamey (Niger), al-Dhafra (Émirats arabes unis) et « H5 », au nord-est d'Amman (Jordanie). Ces 20 appareils représentent 11 % seulement des avions d'arme de l'armée de l'air française, qui en compte 180 répartis en 9 escadrons de combat.

Mais André Lanata est formel, confirmant les propos de son prédécesseur : plusieurs facteurs rendraient très difficile une accentuation de l'effort opérationnel. Il cite plusieurs  éléments le conduisant à cette conclusion, dont l'hétérogénéité de la flotte composée de deux types d'appareils (Mirage 2000 et Rafale), mais d'une quantité de modèles et de versions différentes. Ces diversités exigent des quantités de personnels ultra-qualifiés (mécaniciens) pour le MCO (Maintien en conditions opérationnelles). Autre facteur de tension : les temps de vol des pilotes. Ils ont la possibilité de voler 180 heures par an et volent 45 heures par mois quand ils sont déployés. Conclusion : ils consomment en deux mois leurs vols d'un semestre... Enfin, les avions d'armes continuent durant ces OPEX leurs missions habituelles : sur les neuf escadrons, deux maintiennent en permanence l'alerte nucléaire, deux autres assurent la mission d'alerte aérienne - ce sont eux qui interceptent les bombardiers russes au large des côtes françaises - et deux autres encore sont engagés dans le Soutex (Soutien aux exportations, dans le jargon). Si on ajoute les indispensables entraînements, l'entretien programmé et les réparations, André Lanata est formel : vingt avions déployés sur le long terme sont un maximum.

Un coup de poing, pas plus...

La question qui suit va de soi... Comment l'armée de l'air ferait-elle si le président de la République lui demandait demain matin de s'engager sur une troisième guerre simultanée ? S'il s'agissait d'un « coup de poing », répond le général, l'armée de l'air y ferait face sur six mois ou un an, « mais ça nous prendrait deux ans pour nous en remettre en raison des problèmes d'entretien, de formation du personnel, de munitions », entre autres... En revanche, s'il était question d'une opération plus longue (Barkhane a engagé sa quatrième année, Chammal dure depuis 17 mois), André Lanata est formel : « Dans ce cas, il faudrait procéder à des ajustements nécessaires pour l'aviation de combat. Comme nous l'avons fait pour le transport, en achetant 4 avions C-130J. » Et de rappeler qu'une guerre a un coût, y compris pour les avions. C'est bien sûr leur mission, mais durant les opérations extérieures, un seul appareil consomme le potentiel de cinq appareils stationnés en France. Les comptes sont vite faits !

Par Jean Guisnel


Source : LePoint.fr

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