mardi 16 février 2016

Le Brexit maintenant soutenu par 47% des électeurs britanniques

Le Brexit maintenant soutenu par 47% des électeurs britanniques

Source : The Telegraph, le 17/12/2015

Exclusif : Dans le plus gros sondage d’opinion sur l’Europe jamais réalisé au R-U, Lord Ashcroft révèle que la Grande-Bretagne pourrait se diriger vers la porte de sortie, à moins que David Cameron n’obtienne d’importantes réformes


La Grande-Bretagne pourrait se diriger vers la porte de sortie de l’UE d’après un sondage qui a découvert que 47 pour cent des électeurs veulent partir – photo : PA

Kate McCann, Mathew Holehouse et Christopher Hope

Le 17 décembre 2015

Les électeurs britanniques qui veulent quitter l’Union Européenne dépassent maintenant considérablement le nombre de personnes qui veulent y rester, constate aujourd’hui le plus gros sondage jamais réalisé au R-U sur cette question.

Coup dur pour David Cameron, le jour où se tenait à Bruxelles un sommet crucial, une grande enquête auprès de 20 000 électeurs révèle qu’ils sont 47 pour cent du public à vouloir désormais quitter l’UE – contre seulement 38 pour cent choisissant d’y rester et 14 pour cent d’indécis.

M. Cameron a fait savoir à ses amis qu’il allait ce soir suivre l’exemple de Margaret Thatcher et tenir tête aux dirigeants de l’UE comme elle l’avait fait en 1984 quand elle avait obtenu un rabais sans précédent pour le R-U.

Le Premier ministre affrontera ce soir les dirigeants européens et refusera de réviser à la baisse sa tentative controversée d’interdire aux migrants les prestations sociales du R-U pendant quatre ans, malgré l’opposition de la majorité des dirigeants de l’UE, dont Angela Merkel et François Hollande.

La nuit dernière, Mme Merkel a affirmé qu’elle s’opposerait à la principale exigence britannique, mais M. Cameron assurera aux dirigeants de l’UE qu’il “n’a pas de plan B”, dans un effort ultime de maintenir son plan de référendum sur la bonne voie.

François Hollande, le président français, répondra à M. Cameron qu’il ne peut y avoir “de flexibilité” sur les droits des travailleurs en UE et exigera qu’il “réfléchisse à des alternatives”.

Quoi qu’il en soit, M. Cameron refuse de revoir à la baisse ses exigences et maintiendra auprès de ses 27 homologues qu’il a besoin de modifications dans les traités pour garantir que les réformes sur les prestations sociales soient promulguées.

On tend vers un pari aux enjeux très élevés tenu par Downing Street et qui survient après des semaines de propositions qui suggéraient que M. Cameron se préparait à faire des concessions sur ses exigences en matière d’aide sociale.

Une source haut placée dans l’entourage de M. Cameron a déclaré : « Mme Thatcher a dit que lorsqu’elle négociait un rabais elle avait besoin de ’10 clés pour ouvrir la serrure’ quand il y avait 10 autres membres – à présent il a besoin de 27 clés. »

M. Cameron voulait d’ici février passer un marché avec Bruxelles, qui lui permettrait d’organiser le référendum de-maintien-sortie en juin 2016.

Cependant, des sources proches du Premier ministre ont reconnu la nuit dernière que le contrat pourrait ne pas être conclu avant mars ou juin, ce qui signifie un référendum à la fin de l’année 2016.

 

Le Président français s’oppose à un certain nombre de réformes majeures de M. Cameron – Photo: BENOIT TESSIER/REUTERS

Downing Street s’inquiète du fait que n’importe quel vote après l’été prochain – au moment où on s’attend à ce que la crise des migrants soit à son apogée – pourrait pousser la Grande-Bretagne vers la porte de sortie.

Il apparaît aujourd’hui, avec le sondage de Lord Ashcroft, que les Britanniques vont voter pour quitter l’UE à moins que le Premier ministre ne soit capable de convaincre le public qu’il a réussi à conclure un accord satisfaisant, qui ferait partie de ses renégociations avec Bruxelles.

La nouvelle étude a montré que 35 pour cent des gens étaient prêts à voter pour rester dans l’UE, si M. Cameron pouvait obtenir des concessions, dont un pourcentage important de ceux qui penchent actuellement vers la sortie.

Cependant, seulement 19 pour cent des électeurs britanniques croient que M. Cameron reviendra de Bruxelles avec un bon accord pour le R-U.

 

Le sondage a été conduit par Lord Ashcroft – Photo: Julian Simmonds/The Telegraph

Le sondage de Lord Ashcroft a souligné que les détails du plan de renégociation de M. Cameron étaient “à peine enregistrés” par les électeurs.

Il a indiqué clairement que les électeurs conservateurs détiennent “les clés de l’issue du référendum”.

Lord Ashcroft a déclaré : “Les électeurs des conservateurs détiennent la clef de l’issue du référendum. Plus de la moitié de ceux qui ont voté pour les conservateurs en mai se situent du côté “sortie” sur notre spectre, et ils considèrent actuellement que se maintenir dans l’UE est plus risqué que d’en sortir.

“Mais bien qu’il y ait des pessimistes quant aux chances qu’a Cameron de réussir ses renégociations, ce sont eux qui, de loin, ont la plus grande probabilité de bien réagir s’il arrive à crier victoire de façon convaincante.”

 

Le Premier ministre se rend à Bruxelles pour des négociations de crise

Dans l’ensemble, les votants sont partagés équitablement avec 53% qui pensent qu’il est plus risqué de quitter l’UE et 47% qui pensent qu’il est plus risqué de rester dans l’UE, a déclaré Lord Ashcroft.

Des sources venant de Downing Street ont confirmé la nuit dernière qu’il se peut qu’on ne parvienne pas à un accord final en février comme ils l’avaient initialement espéré.

Une source de haut rang proche du Premier ministre a déclaré : “Nous n’allons pas trouver un accord demain, tout est une question de bonne volonté derrière l’accord de février, mars, juin – de faire avancer les choses.”

 

On reste ou on part ?

Lord Ashcroft a interrogé 20 000 personnes dans le cadre d’un sondage

La Grande-Bretagne doit-elle rester dans l’UE ?

38% veulent rester dans l’UE

47% penchent vers une sortie

14% restent indécis

Parmi les indécis, seulement 50% disent qu’ils vont aller voter

1% a disparu en arrondissant les chiffres

Est-ce que cela compte pour vous que la Grande-Bretagne soit dans l’UE ?

81% ça compte énormément

13% ça ne fait pas de grande différence pour moi

Si Cameron annonçait qu’il a trouvé un meilleur accord pour la Grande-Bretagne…

52% déclarent que ça ne changerait rien à leur vote

35% seraient plus enclins à voter pour le maintien dans l’UE

13% voteraient probablement pour la sortie

Pourquoi est-ce important de savoir si le Royaume-Uni va rester ou non dans l’UE ?

Qu’est-ce qui est en jeu ?

Immigration 23%

Contrôle des frontières 18%

Immigration/réfugiés 16%

Liberté de circulation 15%

Contribution du Royaume-Uni au budget de l’UE 13%

Libre-échange 13%

Sécurité économique 12%

Accords commerciaux 11%

Sécurité intérieure 11%

Droits de l’homme 10%

Les personnes interrogées ont choisi trois réponses sur un panel de quarante-et-une options elles-mêmes choisies par des groupes de consommateurs

David Cameron a promis un référendum sur l’adhésion de la Grande-Bretagne dans l’Union Européenne avant la fin de l’année 2017, mais avant qu’il puisse avoir lieu, il a promis la garantie d’un meilleur accord pour son pays.

Janvier 2013 : Le discours de Bloomberg

David Cameron donne les contours d’une vision réformatrice à grande échelle pour sauver l’Europe, mettant l’accent sur la directive sur le temps de travail et sur la bureaucratie excessive de Bruxelles, suivi de l’annonce d’un référendum en 2017 sur le maintien ou non dans l’UE.

1 janvier 2014 : Les frontières britanniques s’ouvrent aux Bulgares et aux Roumains

Bulgares et Roumains ont reçu le droit sans restriction de voyager et de travailler dans l’UE après l’avoir rejointe en 2007. Le gouvernement répond par de nouvelles lois pour expulser les mendiants et pouvoir mettre fin au bout de six mois aux paiements des allocations.

Mai 2015 : l’UKIP [Parti pour l'Indépendance du Royaume-Uni, dirigé par Nigel Farage, NdT] gagne du terrain

L’UKIP recueille la majorité des voix aux élections européennes. Durant l’été, les parlementaires conservateurs Douglas Carswell et Mark Reckless rejoignent les rangs de l’UKIP.

Juin 2014 : Défaite de Cameron

David Cameron est battu par 26 à 2 lors de sa tentative de détrôner Jean-Claude Juncker en devenant président de la Commission européenne. Angela Merkel devait le soutenir, mais a changé d’avis.

Novembre 2014 : Cameron durcit sa politique d’allocations vis-à-vis des migrants

Cameron dévoile son plan de réforme de la politique migratoire de l’UE, qui vise à supprimer les prestations liées à l’emploi pendant quatre ans pour les migrants et à expulser les migrants de l’UE sans-emploi après six mois de chômage.

Décembre 2014 : Une facture de 1,7 milliard de livres pour la Grande-Bretagne

Cameron est furieux après que son pays se voit adresser une facture de 1,7 milliard de livres au titre de l’adhésion à l’UE, calculée en vertu du succès de son économie par rapport à l’Euro-zone.

7 mai 2015 : Cameron – et son engagement à renégocier avec l’Union européenne – est élu par la Grande-Bretagne

David Cameron stupéfie Bruxelles en gagnant les élections législatives sur un programme de réforme et un référendum. Le processus de renégociation est lancé et Cameron se lance dans un tour éclair de l’Europe pour rencontrer ses 27 homologues.

Juin 2015 : La Grande-Bretagne va financer la crise grecque ?

Lors du premier choc désagréable de la renégociation, la Commission européenne menace d’utiliser les contributions budgétaires britanniques pour des prêts d’urgence en Grèce – faisant fi d’une promesse obtenue par David Cameron quatre ans auparavant.

Septembre 2015 : Cameron est contraint de s’engager à aider les réfugiés

Alors que la crise des réfugiés engloutit le continent, l’UE avertit Cameron que s’il ne fait pas plus pour s’attaquer à la crise, il n’obtiendra rien de sa renégociation. Il propose d’accueillir 20 000 réfugiés syriens.

29 novembre 2015 : Le Premier ministre parle fermement

Face à un tollé de protestations, il durcit sa position envers la réforme des allocations – et annonce à plusieurs dirigeants qu’il démissionnera, à moins qu’il n’obtienne quatre ans de politique de restrictions, et déclare qu’il forcera le Conseil européen à prendre une décision en décembre.

3 décembre 2015 : Pas d’accord pour Noël

Angela Merkel s’entretient avec M. Cameron au téléphone. Des heures plus tard, il concède qu’il n’y aura pas d’accord avant Noël, février devient la nouvelle échéance.

17 – 18 décembre 2015 : Conseil européen

M. Cameron espère avoir une “discussion substantielle” durant le Conseil européen mais l’agenda prédéfini est rempli avec les questions liées au terrorisme et à la crise migratoire.

5 janvier 2016 : Cameron accorde aux ministres la liberté de vote

David Cameron a annoncé qu’une fois achevées les négociations avec les dirigeants européens, il supprimera la responsabilité collective et permettra aux ministres de décider leurs propres positions sur la question.

18-19 février 2016 : Date limite

La date-butoir pour que M. Cameron scelle un accord.

Juin 2016 : Date du référendum ?

Si un accord est signé en février, la date la plus proche pour un référendum est juin.

FAQ

Qu’est-ce que le Brexit ?

Que signifie l’expression “Brexit”?

Ce terme est une abréviation couramment utilisée pour désigner la sortie de l’UE de la Grande-Bretagne.

Comment sera-t-il décidé ?

La décision dépend du résultat d’un référendum national, actuellement préparé par le gouvernement.

Quand le référendum aura-t-il lieu ?

David Cameron a promis qu’il se tiendrait avant la fin de l’année 2017, mais il semble probable qu’il se tienne plus tôt, vraisemblablement en 2016.

Quelle sera la question ?

La question sera : « Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ? »

Que se passe-t-il ensuite ?

Le parlement doit décider de l’adoption du projet de loi de David Cameron concernant le référendum sur l’UE.

Pendant ce temps, Cameron essaie d’obtenir un meilleur accord de la part de l’UE en négociant avec les ministres des États membres sur des sujets comme l’accès des migrants aux allocations.

Quel est le résultat attendu ?

La plupart des sondages montrent que le public britannique est à peu près également divisé sur l’avenir du pays, avec une légère tendance pour rester dans l’UE.

Source : The Telegraph, le 17/12/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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