mardi 19 janvier 2016

Plan pour l'emploi De François Hollande : "Sire, Vous Faites Pitié ! "



« Monsieur Bricolage »


le 18 janvier 2016 18H52 | par Hervé Karleskind 

Une fois n’est point coutume, Sire. Vous nous inspirez pitié, compassion et navrement. Accordons-nous la licence d’écrire que vous foirez à peu près tout ce que vous entreprenez.
Seriez-vous, Sire, à la recherche d’un sésame, à forger à l’infini clefs, serrures et cadenas, à l’instar de votre pauvre ancêtre, Louis XVI, victime de son aboulie?
Votre grandiloquence suspecte, un peu faisandée, nous enseigne que vous vous prenez à présent de déclarer la guerre au chômage.
Restons simples, Sire: ce n’est point contre le désoeuvrement que vous escomptez guerroyer. Mais contre les chiffres.
A la parfin, ne serait-ce point là le même dessein que d’en finir avec cette plaie?
Faudrait-il être benêt pour le croire un moment!
A bricoler les chiffres, et à la condition que tous les protagonistes daignent cracher en leurs mains à des fins d’obtenir quelque résultat avant l’échéance fatidique, vous pourriez peut-être, et avec l’aide de Dieu, convaincre vos sujets que vous parvîntes, tel le Sisyphe moyen, à inverser cette damnée courbe du chômage.
Diantre, Sire, pourquoi avoir tant attendu, procrastiné, atermoyé? Une fois encore, il aura fallu que vous sentiez les crocs de la défaite enserrer votre gorge pour qu’enfin vous vous décidiez. Mollement, et avec une belle louche de mesurettes. En évitant d’entrer dans le gras du sujet, la réforme du code du travail, cette réforme qui, à l’instar de tant d’autres, vous effraie, vous tétanise.
A seize mois de l’échéance qui fait que vos nuits sont encore plus laides que vos jours, vous tremblez à l’idée de froisser jurandes tout ainsi que la gauche du parti socialiste qui déjà vous conspuent comme l’Antechrist.


Sire, vous allez tel un crabe mou, de guingois, assuré de bouillir dans le saké.

Voyez seulement, Sire, cette affaire, ce sac de noeuds en lequel vous vous fourrâtes: la révision constitutionnelle permettant la déchéance de nationalité pour les actes de terrorisme. L’entreprise est devenue si absconse que même vos derniers féaux en viennent à perdre leur latin de cuisine.
Et vous êtes là, Sire, tel un pharaon de la IVème dynastie, à bricoler ce que l’impayable Edgar Faure, un orfèvre, nommait des « majorités de progrès » lorsqu’il se prenait d’apparier carpes et lapins dans un même gouvernement.
Carpe et lapin? Voyez encore, Sire, le désastre provoqué par les bisbilles entre la baronne El Khomri et votre chouchou, le hipster Monsieur de Macron. Sur vos instructions, la baronne aux yeux de braise s’en est allée planter sa paille dans le potage de Monsieur de Macron, sous l’oeil égrillard du comte Valls de Catalogne. Monsieur de Macron, offensé, a menacé de faire ses malles.
Vous voici donc à bricoler encore pour ravauder le tricot mité de votre cabinet qu’il vous faudra remanier, dans l’indifférence générale.


Ce Monsieur de Macron, qui a les yeux plus gros que ventre, voudra-t-il être roi, lui aussi?

Et vous faudra-t-il vous plier, tout ainsi qu’un bourgeois, à passer sous les fourches caudines de l’adoubement de la gauche pour ceindre à nouveau la couronne? Quelle humiliation! Voici qui promet néanmoins d’être cocasse… Et mortifère.
Par quel sortilège de bricoleur vous sortirez-vous, Sire, de ce guêpier, de ce tribunal qui, sous couvert de choisir le meilleur impétrant, instruira sans coup férir votre procès en nullité?
Vos talents de serrurier, Sire, seraient-ils usurpés? Tout ainsi que votre art de communiquer? N’avez-vous point froncé les sourcils, Sire, lorsque l’on vous suggéra de présenter votre catalogue de mesures contre le chômage en une institution, le Conseil économique, social et environnemental, qui a tous les atours et les attraits d’une caisse de retraite?
Sire, souffrez que l’on vous dise que votre irrémissible passion pour le bricolage vous égare.

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