dimanche 26 avril 2015

L'Allemagne Préparerait L'expulsion De La Grèce Pour Le 11 Mai

L'Allemagne a unilatéralement décidé du Grexit

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La gestion de la crise grecque constitue une remarquable illustration du risque auquel l'Europe s'expose en laissant à l'Allemagne prussienne la conduite des opérations. Depuis l'élection de Syriza, Angela Merkel a décidé de sortir la Grèce de la zone euro. Pour y parvenir, l'Allemagne organise un jeu de dupes dont les principaux acteurs sont ses pions: Jeroen Dijsselbloem, chargé de s'assurer qu'aucun compromis n'est passé en dehors des points décidés à Berlin, les nouveaux entrants dans l'Union (choisis par l'Allemagne), comme les Slovaques, les gouvernements « centristes » mais eurosceptiques du Nord de l'Europe (comme en Finlande…) et bien entendu Jean-Claude Juncker lui-même.
Tous ces acteurs organisent le jeu de façon très répétitive. Des sommets sont organisés pour évaluer des propositions grecques qui n'interviennent jamais. Indéfiniment, les alliés européens de l'Allemagne déplorent donc l'absence de progrès grecs, et laissent au cruel docteur Schaüble, ministre allemand des Finances, le rôle du méchant génie qui ponctue les réunions par une remarque très attendue: la Grèce s'approche du Grexit.

Le sommet de Riga de vendredi n'a pas dérogé à la règle. Il était d'ailleurs annoncé comme ne devant déboucher sur aucune solution. Il a toutefois donné lieu à une innovation: pour la première fois, un ministre des Finances a osé demander tout haut ce qui se passerait si aucun accord avec la Grèce n'était trouvé. C'est évidemment un pion de l'Allemagne qui a levé le lièvre, en l'espèce le ministre slovène des Finances (rappelons que l'Allemagne a imposé la Slovénie dans la zone euro).
Cette question opportunément posée a permis à Wolfgang Schaüble de répondre à la presse:
« si un politique responsable répond oui à cette question, vous savez ce qui va se passer, s'il répond non, vous ne me croirez pas. »
L'Allemagne a-t-elle bien mesuré les risques qu'elle fait courir à l'Europe en organisant la première sortie non volontaire de la zone euro? L'avenir nous le dira…

Le Grexit préparé pour le 11 mai


C'est l'Eurogroupe du 11 mai qui tranchera sur la question grecque. Auparavant, la BCE aura statué sur la « fermeture » du robinet aujourd'hui ouvert en faveur de la Grèce. Une réunion se tiendra le 6 mai à Francfort pour évoquer le maintien ou non du financement d'urgence des banques grecques par la BCE (encore relevé d'1,5 milliard€ cette semaine), bouée de sauvetage sans laquelle l'Etat grec ne peut plus se financer.

Ce calendrier a sa cohérence: le 12 mai, la Grèce doit rembourser 948 millions d'euros au FMI, et devrait théoriquement officialisé son défaut ce jour-là. Tsipras a eu l'illusion de pouvoir y échapper en mobilisant toute la trésorerie publique existante, mais il n'aurait récupéré que 500 millions d'euros de cette façon, au lieu des 2 milliards attendus.

La Grèce en plein coup d'Etat qui ne dit pas son nom

Face à l'urgence, Tsipras multiplie les décisions d'exception qui laissent perplexe sur l'état de la démocratie grecque. En particulier, Tsipras a promulgué un décret contraignant toutes les collectivités publiques à confier leurs liquidités à la banque nationale grecque. Cette décision ahurissante prouve, s'il le fallait, que la Grèce est d'ores et déjà en situation de faillite. Elle revient à confisquer autoritairement l'ensemble du pouvoir en Grèce au profit du gouvernement.

Pour la Grèce, cette décision est très mauvais signe: elle organise la chute systémique de l'ensemble de la structure publique grecque. Elle préfigure une crise politique de grande ampleur, déjà évoquée par le gouvernement Tsipras lorsqu'il évoque un retour aux urnes pour susciter un plébiscite sur sa politique.

Tsipras voit-il le coup venir?


L'urgence financière qui touche la Grèce produit déjà un effet de contamination. Les taux d'intérêt se tendent et la Grèce emprunte désormais à 10 ans à près de 13%. La hausse des taux a également touché l'Italie, l'Espagne et le Portugal. Le risque de contamination systémique est évidemment le scénario sur lequel Tsipras parie dans sa partie de poker: l'homme qui avait roulé des mécaniques en arrivant au pouvoir et qui, à ce stade, n'a entamé aucune vraie réforme, joue la montre en étant convaincu que l'Allemagne cèdera par peur d'un effondrement généralisé en cas de défaut grec.
D'ores et déjà, la Grèce a donc bâti son plan « B », c'est-à-dire son sauvetage par le Mécanisme Européen de Stabilité (MES). En attendant, il multiplie les vexations vis-à-vis de l'Allemagne (et les cadeaux à l'administration américaine) en écartant par exemple un consortium allemand des privatisations qu'il décide.
Tsipras, redisons-le, est bien téméraire d'accorder à l'Allemagne une intelligence suffisante pour éviter le scénario du pire. On penche plutôt pour l'inverse: l'Allemagne ne se fera pas prier face au défaut grec, et sortira les impétrants sans ménagement de la zone euro.

Les frises du Parthénon, dernière farce européenne


En attendant, la Grèce livre l'un de ses derniers combats, très symbolique des relations entre les Européens. Les soutiens se sont en effet multipliés pour plaider en faveur d'un retour de la frise du Parthénon, actuellement au British Museum, vers le musée de l'Acropole. Même la femme de George Clooney s'y est mise. Au fond, le gouvernement Tsipras parviendra à pipoliser comme jamais la cause du nationalisme grec.
Ce sera peut-être sa principale victoire.


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