jeudi 12 décembre 2013

Centrafrique : Un Pays Explosé Depuis Mai 2013


DE LA MECONNAISSANCE D'UN PAYS A LA PERVERSITE POLITIQUE

Comte Pierre De Lacan


Il n'est pas nécessaire de creuser bien loin pour se rendre compte que, comme on dit, le cas centrafricain est totalement inconnu de ces rares fées encore se penchant sur le berceau de sa destinée.

Des accords de paix furent signés à Libreville en Janvier dernier, initiés manifestement par des gens qui ne savaient rien, mais vraiment des réalités politiques centrafricaines.
Et l'on peut à souhait mésuser de la qualité des juristes ayant pondu de tels textes.
C'eut pu être des imbécillités ponctuelles.

Même un étudiant universitaire de première année de Droit n'aurait pas fait pire.
Un texte de droit respecte ce schéma minimum.
Une introduction explicitant le contexte, un corps de texte détaillant ce qui doit être fait, la considération des impondérables, et une sortie.
Ce minimum d'écriture juridique n'a pas été respecté. Disons, n'était manifestement pas connu.
Et nous voilà dans une situation politique de blocage.

Car depuis, tout l'international, l'ONU incluse reprend le fait et insiste sur le respects de ces accords idiots de Libreville.
Preuve évidente que tous ces gens n'ont jamais lu les articles contradictoires des accords de Libreville.
En gros, ils font des communiqués pour le genre, rien de plus.

Depuis, cela a fait des petits. 
Voici ressorti de sa boîte l'antique CNT, déjà usé et bien éculé dans le passé et sans efficience.

CNT OUTIL POLITIQUE ?


Commençons par le réalisme.
Le pouvoir en Centrafrique a été gagné militairement suite à un coup d'état par la Séléka. Fait incontournable. Si doute, il est où Bozizé ?
Chose dans la culture du pays où l'accession au pouvoir doit toujours à une exception près, se passer toujours par le jeu des armes.

Rien de nouveau dans le folklore local

Un putschiste se fait bouter dehors par d'autres putschistes. La tradition à la mexicaine est bien respectée.

Mais dans le cas de la Séléka, c'est de l'inédit.
- Des exactions quasiment en masse dans tout le pays.
- Et corollairement, le pays n'a jamais été aussi libre pour s'exprimer.
Paradoxe !
Jamais depuis que la Séléka est là les gens n'ont autant ouvert la bouche. Jamais on a vu autant de groupes pour ceci et cela sortir de terre comme des champignons.

Sous Bozizé, c'était bouche cousue ! Silence dans les rangs, personne ne mouftait.

Le Conseil National de Transition ?
Rien d'original là dedans.
Nom utilisé par les insurgés lybiens luttant contre le régime de la Jamahiriya arabe libyenne dirigé par Mouammar Kadhafi. 
10 ans plutôt, les congolais de la RDC l'avaient déjà utilisé, et même un certain François Bozizé localement aussi avant.
On fit du neuf avec de l'ancien.
Mais l'important n'est pas là.

C'est de voir la CEMAC et CEEAC exiger de voir dans ce CNT toutes les composantes représentatives de la Centrafrique.
Ca veut dire quoi tout ça ?

RIEN ! JUSTE UN BORDEL POUR DES PUTAINS OPPORTUNISTES

Car c'est d'une méconnaissance politique sans précédent.
Le CNT se substituant à l'assemblée nationale, on peut dès lors s'interroger sur la nature de ces dites 'composantes représentatives.'
Si on se substitue à l'assemblée nationale, cela ne DOIT être que POLITIQUE, et pas y mettre des farfelus.

Je ne reviens pas sur le fond, ma consoeur Sandra a déjà abordé le sujet déjà et longuement.
C'est l'angle politique qui m'intéresse.
Et ma question tient simplement en ceci : 
LE CNT SERT A QUOI ?

Politiquement parlant, il y a cette chose d'un côté et le gouvernement de l'autre.
Et....Balle dans le camp du gouvernement qui peut parfaitement gérer le pays sans même écouter les bruits du CNT.
Mécaniquement, tout ça laisse les mains libres à Michel Djotodia qui se trouve dans une position de dictateur.
Pas de représentation du peuple en face de lui, et un PM sans consistance, il peut faire ce qu'il veut.
Eh oui ! C'est ça la leçon à tirer de ces micmacs imbéciles.

Tout ça pourquoi ?


Simplement pour donner un semblant de légitimité à ce qui ne l'est pas.
Il faut habiller de 'normalité' républicaine un coup d'état.
Avant, quand la France gérait tout, c'était plus simple.
On ne parlait pas de Président auto-proclamé.
On validait et hop ! tout allait bien...Comme on validait les Bozizé, Deby, N'Guesso etc...

Ces mêmes Deby et N'Guesso illégitimes eux-mêmes qui font la loi maintenant en Centrafrique.
C'est comme si on confiait la sécurité d'une banque à ses propres voleurs.

Michel Djotodia peut lui aussi dire : 'en quoi eux là seraient-ils plus légitimes comme présidents que moi ?".

On parle des exactions réelles et effectives des Séléka, mais....Aurait-on oublié les crimes sans nom des Cobras de Sassou N'Guesso ? Les exterminations d'opposants en nombre d'Idriss Deby ?

Bien sûr ! un crime n'en excuse pas un autre. Mais tout de même.

Politiquement parlant, suivant le contexte toujours sanguinaire de cette Afrique centrale, Michel Djotodia n'est pas moins illégitime que Bokassa, Kolingba, Bozizé, Deby ou N'Guesso.

On se doute dès lors que le problème est ailleurs.
Et pas chercher loin...
Ce sont maintenant des putschistes qui sont à la tête des différents organes inter-régionaux.
Ce qui n'était pas le cas du temps des Bokassa et autres Bozizé.
Ces organes ou équivalents, à l'époque avaient moins de poids.

Et nous voilà lancés dans un jeu de complète hypocrisie politique, de gens les mains ensanglantés venant dicter la loi à un pays qu'ils ne connaissent même pas. 

Car que veulent-ils tous ?


Que les dérives de la RCA ne débordent pas chez eux. C'est tout !
Ils n'ont que faire de la Centrafrique, ils ont simplement peur pour leur pouvoir sanguinairement acquis.
Raison expliquant le peu d'application mise à écrire les différents accords auxquels les centrafricains doivent se soumettre.

Des échos disent que l'ONU devrait mettre la RCA sous coupe, sous tutelle en quelque sorte.

Mais quel pays mis sous tutelle de l'ONU s'en est-il sorti ?
Je n'en connais pas.
A chaque fois que ce fut fait, c'était un désastre.

Et cette suggestion stupide vient de Nicolas TIANGAYE, parti se plaindre comme un enfant immature auprès de l'ONU.
Il a simplement oublié l'essentiel...C'est lui le Premier ministre de ce pays qu'il ne cesse de dénoncer ailleurs.

En acceptant le fait d'être là où il est, il est en conséquence solidairement responsable.
Il n'y a pas d'un côté Mr Nicolas Tiangaye, le preux chevalier sans tâche, et les autres de l'autre.
Un Premier ministre est là pour se mouiller, s'investir, agir.
En tant que chef du gouvernement, sa tâche ne consiste pas à se défausser en permanence, mais d'y aller !
A lui de donner des ordres pour faire rétablir la sécurité dans le pays.
A lui de dire à Michel Djotodia ce qui va et ne va pas dans le pays, les yeux dans les yeux.
A lui de monter au front, de battre la campagne pour au moins rassurer la population avec des paroles.
A lui d'aller en RDC, Zongô, c'est en face de Bangui, pas au pôle Nord, pour parler aux réfugiés, les rassurer là bas aussi.

Il n'a même pas fait un minus de tout cela.
Au contraire, il part en Occident pour se plaindre de ce qu'il pouvait lui-même corriger.
Cet homme est en retard de 70 ans.
La colonisation est terminée, politiquement parlant s'entend.
La Métropole n'est plus à Paris, à New York où ailleurs, mais dans son propre bureau à Bangui.

LES CONSEQUENCES


Ne nous voilons pas la face.
Si échec de Nicolas TIANGAYE, comme c'est bien parti pour, les rébellions dans le pays vont recommencer de plus belle.

La Séléka va imploser pour redevenir ce qu'elle était avant, des entités militaires hétéroclites et opposées.
Et là, ce ne sera plus des gens voulant ceci ou cela pour LA CENTRAFRIQUE, mais des gens qui feront cette fois-ci SÉCESSION.
Car le principe d'une Centrafrique unie aura fait long feu, échoué.

Est-ce à tout cela que pense Michel Djotodia dans son actuelle tournée dans la sous région ?
Je n'en sais rien, je ne suis pas dans sa tête.

Néanmoins, je puis dire une simple chose.

Avec environ 6.000 séléka presque dans la nature, il suffirait au premier venu avec un peu d'argent pour les relancer pour des intérêts personnels. Et primairement, pour faire exploser la RCA en tant que pays.
Pour m'être un peu renseignée sur le sujet, je sais qu'il suffirait de simplement 3 millions d'euros pour que le Nord de la RCA ne soit plus centrafricain.
Et qui empêchera un déterminé de le faire ?
La CEEAC ? La CEMAC ?
La bonne blague oui ! le pays est déjà explosé.

© Mai 2013 LNC  

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