jeudi 21 novembre 2013

Le Choc Clientèliste : ersatz de droite vs ersatz de gauche


Vive la clientèle!


On dénigre violemment la droite quand elle est au pouvoir pour ne satisfaire que sa propre clientèle. La gauche, lorsqu'elle est victorieuse dans les urnes, crée carrément sa propre clientèle, l'invente, la fabrique en vidant les individus de toute possibilité d'initiative personnelle et cela probablement sans retour en arrière possible. Elle poursuit d'ailleurs son ouvrage dans l'opposition, et c'est elle qui oblige la droite stupide à sanctuariser ses exigences. 

Si la gauche a encore un programme, c'est que ses principes fondamentaux et sentimentaux cadrent plus étroitement avec un programme hyperfestif (dont Delanoe est le symbôle) ; mais elle aussi s'affole : elle sait bien que sans la droite, sans l'ersatz de droite qui la fait exister en tant qu'ersatz de gauche, elle n'est plus grand-chose ; et que la rupture d'équilibre peut être dramatique également pour elle. 

Va-t-elle même encore être longtemps "la gauche" sans son vieux complice de bonneteau? 
Elle a déjà tout oublié de son essence négatrice, jadis basée sur des hostilités de classes, au profit d'une inflation de morale et de vertuisme sans précédent. 
Elle a remplacé le matérialisme dialectique par la pratique du bien et substitué à la dictature du prolétariat le terrorisme des "valeurs".

Le Bien, le mal...


Le Bien a vraiment tout envahi ; un Bien un peu spécial, évidemment, ce qui complique encore les choses. Une Vertu de mascarade ; ou plutôt, plus justement, ce qui reste de la Vertu quand la virulence du Vice a cessé de l’asticoter. Ce Bien réchauffé, ce Bien en revival que j’évoque est un peu à l’ « Être infiniment bon » de la théologie ce qu’un quartier réhabilité est à un quartier d’autrefois, construit lentement, rassemblé patiemment, au gré des siècles et des hasards ; ou une cochonnerie d’« espace arboré » à de bons vieux arbres normaux, poussés n’importe comment, sans rien demander à personne ; ou encore, si on préfère, une liste de best-sellers de maintenant à l’histoire de la littérature.

Le législateur est romantique


Tuer pour de l’argent, par intérêt, c’est sordide, c’est inacceptable ; mais tuer sous l’empire de la passion, dans la saute d’humeur d’un moment, dans le feu de l’inspiration, alors oui, c’est défendable. 

La passion fait tout passer, c’est le droit de l’homme le plus imprescriptible. Plus les affaires règnent, plus le business tourne dans son propre vide, avec pour seul et unique projet son extension absolument sans fin, et plus le lyrisme cordicole doit triompher à la surface, habiller la réalité, camoufler les pires trafics, ennuager toutes les intrigues, faire passer l’Ordre Nouveau du monde pour une sorte d’ordre divin.

librement inspiré de L'Empire du bien : Philippe Muray

1 commentaire:

Anonyme a dit…

excellent!ça me fait penser aux rémunérations des cadres qui travaillent dans les ONG!