mercredi 27 novembre 2013

Edouard de Rothschild Impose La Rigueur Thatchérienne à Libération : Happy Birthday!



POUR SES 40 ANS, LIBERATION SE PREND UNE GAUCHE


samedi 23 novembre 2013 source : Filpac CGT

A l’émoi suscité par les coups de feu tirés le 18 novembre par Abdelhakim Dekhar sur un photographe employé par Libération, succèdera le 25 novembre l’annonce d’autres mauvaises nouvelles, de nature économique celles-là. Syndicats et élus du comité d’entreprise seront informés officiellement ce jour-là de la situation financière du journal par la direction. A la même date sera donné le coup d’envoi d’un round de négociations délicates pour une gouvernance qui peine à trouver sa place. Elles s’étaleront au moins jusqu’à la fin de l’année et interviendront en parallèle des animations et concerts prévus en décembre pour le 40e anniversaire du quotidien.

Après deux années à l’équilibre, Libération renouera avec les déficits en 2013. Malgré les démentis avant l’été du co-président du directoire, Philippe Nicolas, le journal perdrait au minimum 1,3 million d’euros pour 58 millions d’euros de CA. C’est peu dans la presse quotidienne, en pleine tourmente, mais beaucoup pour un titre qui ne s’appuie sur aucun groupe et dans lequel les deux actionnaires à 25%, Edouard de Rothschild et Bruno Ledoux (Lupa patrimoine France), rechignent désormais à investir. Si ces derniers ont assuré avoir comblé le trou de 2013, ils réclament 3 millions d’euros d’économies pour 2014.

Deux schémas sont à l’étude - D’une part la signature d’un accord compétitivité-emploi, qui permettrait de remettre en cause les onze semaines de congé, la réduction des jours de RTT, voire la diminution modulée des salaires. D’autre part, le directoire réfléchit à l’ouverture d’un guichet de ruptures conventionnelles, qu’il est en train de chiffrer. L’objectif du duo Rothschild et Ledoux est double. Il s’agit autant de remettre à flot Libération que de rendre le titre "bankable" vis-à-vis d’investisseurs. Comme les héritiers de l’Italien Carlo Caraciollo, détenteurs à hauteur de 10%, qui ont indiqué souhaiter céder leurs participations, Edouard de Rothschild serait lui aussi vendeur. L’ex-président de France galop est non seulement lassé par "le puits sans fond" Libération, mais aimerait aussi récupérer une partie des 10 millions d’euros qu’il a investis depuis six ans.

Deux paramètres expliquent la situation actuelle du titre. La baisse générale des ventes en kiosque, encore accrue, n’est pas compensée par les abonnements numériques (12 000 à Libération). En septembre, le quotidien est passé sous la barre des 100 000 exemplaires avec une chute de plus de 17% de sa diffusion. La gauche au pouvoir a tué Le Matin de Paris en 1985 et plombe le newsmagazine Marianne depuis 2012 (DSH OJD 2012-2013 : 220 793 exemplaires, -15%). Libération est confronté au même souci : ses journalistes ne parviennent pas à rendre lisible la politique du gouvernement socialiste, toujours plus floue. De surcroît, le manque de leadership du co-président du directoire, Nicolas Demorand, qui n’est jamais parvenu à s’imposer depuis 2011, accroît l’impression de flottement de la ligne éditoriale. Quant à Fabrice Rousselot, le patron de la rédaction depuis l’été, "il manquerait singulièrement d’idées novatrices", selon un journaliste présent depuis 20 ans à Libé.

Résultat, selon cette même source, la qualité rédactionnelle s’en ressent. Si la gouvernance de Libération peut se targuer d’un inversement de la tendance baissière grâce à la nouvelle formule magazine du week-end (+15% Vs 2012), la partie qu’elle s’apprête à jouer s’annonce serrée. Entre les salariés du journal, à qui elle aura le plus grand mal à demander des sacrifices, que des actionnaires, qui douteraient de ses capacités à inverser la tendance, y compris sur le numérique, sa marge de manœuvre est étroite. Elle joue désormais sa survie.

POUR SES 40 ANS, LIBERATION SE PREND UNE GAUCHE - Filpac CGT

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