jeudi 21 février 2013

La Grèce va (encore) faire Defaut selon Jacques Sapir

Jacques Sapir envisage le défaut partiel de la Grèce:



C’est Jacques Sapir qui pose la
question dans un récent papier
alors même que les Grecs viennent de
manifester en masse dans
une nouvelle grève générale pour dénoncer les politiques d’austérité
, juste
après la venue de François Hollande dans leur pays.

L’horreur
économique

Il commence ainsi son papier :
« les nouvelles qui parviennent de
Grèce sont chaque jour plus tragiques. S’il fallait un exemple de la faillite
des politiques d’austérité, ce pays nous en fournirait un éclatant. Mais ce pays
n’est pas un ‘exemple’. Il est constitué de 10 millions de personnes qui
souffrent dans aucun espoir de secours
 ». L’économiste a bien raison
de parler de la sorte car on mésestime la somme de souffrances par lesquelles
ce pauvre pays passe depuis 2010.

L’explosion
du chômage (27% aujourd’hui), la baisse des salaires, les coupes drastiques
dans les dépenses publiques, au mépris de la santé et de la sécurité de la
population. Ce
qui est fait ici est une honte absolu
, une forme de crime économique commis
contre un peuple par des fous dont la pensée est coincée dans des dogmes qui
passent avant la vie de la population. J’ai profondément honte des politiques
menées dans ce pays, que
nous sommes beaucoup à dénoncer depuis 3 ans
.






Dans ce papier, Jacques Sapir
rappelle l’effondrement économique du pays, l’effroyable baisse du PIB depuis
le second trimestre 2010 (-17% en deux ans et demi !), qui ne montre aucun
signe de ralentissement et que toutes les mesures d’austérité complémentaires
pour 2013 et 2014, devrait prolonger pour encore deux ans. Nous assistons à
l’expérimentation d’une
immense et extrêmement brutale régression sociale
en se demandant comment
le pays la supporte encore.

Vers un
défaut rapide ?

L’effondrement
économique du pays et sa difficulté à réduire ses déficits font penser à
l’économiste qu’il pourrait rapidement être insolvable. Il juge que « seul un choc politique, un renversement de
gouvernement, comme en Russie du fait de la crise financière, est à même de
faire cesser cette spirale infernale. Il n’y a pas lieu de le redouter, mais
bien au contraire de l’espérer 
». Et il faut dire que les
démissions de députés de la majorité au pouvoir peuvent mener à un tel scénario
.




Cependant, il
est aussi possible que l’agonie économique du pays dure plus longtemps
. En
effet, il ne faut pas oublier que l’Argentine, rentrée dans une crise similaire
en 1998 (monnaie surévaluée, liée au dollar, politiques d’ajustement du FMI qui
ont provoqué une grave récession) a attendu quatre longues années avant de
trouver une issue politique. Bien sûr, la situation économique de la Grèce est
pire, mais le contexte psychologique du pays est compliqué par le fait que
l’Europe a été pendant un quart de siècle une main bienveillante pour le pays,
qui ne veut pas se l’aliéner…

Du coup, les
Grecs ont encore logiquement du mal à vouloir rompre avec cette mauvaise
Europe, malgré les souffrances. C’est
ce qui explique les résultats de l’élection de juin dernier
, malgré
les sept plans d’austérité
. Mais ce n’est pas tout : après des années
où le pays n’a pas tenu ses objectifs de réduction des déficits, il semblerait
que, pour la première fois, Athènes
tienne ses objectifs pour 2012 et 2013
, même si cela vient après plusieurs
révisions, ce qui relativise cette annonce.

Il est clair
que la
situation de la Grèce reste scandaleuse
et devrait pousser à une révolte
politique. Malheureusement, comme
je le soutiens depuis trois ans
, de puissantes forces de rappel font que
cette agonie économique et la misère qui va avec pourraient malheureusement se
poursuivre.

Lire aussi le très bon et
assez technique papier de Jacques Sapir
sur les politiques d’austérité, qui
met en pièces la pensée néolibérale mais aussi la politique du gouvernement






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