vendredi 15 février 2013

Famine et Esclavage en Grèce : l'autorité de l'État a totalement disparu



Famine and slavery in Athens


Toujours beaucoup d'efforts pour que rien ne bouge en Grèce.
Et pourtant, le mois s'annonce difficile. Dans les immeubles où l'on n'a pas renoncé à se chauffer, les factures sont conséquentes.

À titre d'exemple, c'est un peu moins de cent cinquante euros pour un appartement de trente mètres carrés avec quelques heures de chauffage par jour seulement. Dans un pays où beaucoup de gens ont du mal à joindre les deux bouts, une telle facture en début de mois signifie qu'on va se serrer la ceinture jusqu'au retour des beaux jours.


Dans un tel contexte, rien de surprenant à ce que des scènes de violences éclatent lorsque des associations caritatives distribuent de la nourriture. Même la survie devient difficile.

Et pour ceux qui ont réussi à garder leur emploi, le nouveau challenge est de se faire payer.
La grève des marins a été cassée par le gouvernement, et malgré les salaires impayés, ils ont dû retourner au travail.


Sur le port du Pirée, la morosité a pris le dessus sur la contestation, et seul le fait que les salaires restent dus empêche de parler officiellement d'esclavagisme. Dans un pays où le mot "travail" (δουλειά) ressemble étrangement au mot "esclavage" (δουλεία) il n'en faut pas plus pour rappeler aux Grecs que la vie est dure et que la crise n'est pas terminée.

Dans ce contexte morose, la famille et l'église restent des valeurs refuges. En discutant hier, un ami m'a confié que le divorce était déjà un sujet tabou en Grèce avant la crise, mais que désormais, c'était devenu totalement impossible à envisager. La solidarité s'exerce pleinement au sein de la cellule familiale.
Dans le métro, j'ai aussi eu la chance de voir un homme s'adresser à un prêtre. En Grèce, les prêtres orthodoxes bénéficient d'une forte autorité morale, et quand une petite fille s'est approchée pour demander quelques pièces parce que son père jouait de l'accordéon dans le wagon, elle n'a pas été surprise de se voir gentiment éconduire par l'homme d'Église, pour recevoir ensuite l'aumône de la part de son interlocuteur. Une bonne action doit compter double lorsqu'elle est effectuée devant un barbu en robe...


Dans ce pays fier de ses valeurs (parfois même un peu trop), le peu d'autorité dont disposait l'État a totalement disparu avec la crise, mais pendant ce temps, les instances capables de prendre sa place (l'église, la police, l'armée...) se sont renforcées, ce qui n'est pas forcément un bon présage pour l'avenir.

Aucun commentaire: