mercredi 5 décembre 2012

Arnaud Montebourg avait un repreneur solide pour Florange mais les mencaes de Mittal ont été plus fortes



Tout indiquait que le centriste Jean-Marc Ayrault avec la bénédiction du libéral François Hollande avait honteusement baissé le pantalon. L’on en a maintenant la confirmation officielle.  

 


«Je suis écœuré. On s’en doutait quand on a entendu Ayrault vendredi soir, mais là, on sait qu’on s’est fait enfumer pour de bon. Il n’y a aucune contrepartie», réagit Jean-Marc Vécrin, de la CFDT. Ayrault avait promis «180 millions d’euros d’investissements sur cinq ans» à Florange. Mais l’accord dit que «les investissements stratégiques» ne pèseront que 53 millions d’euros, notamment pour la modernisation du train à chaud, réclamée par les syndicats. Le reste, ce sera les «investissements courants», y compris la simple maintenance. «Il n’y a que 53 millions de vrais investissements, c’est une tromperie», dit Vécrin.


Haute Trahison

Par ailleurs, l’accord prévoit bien que «le fonctionnement» des deux hauts fourneaux «sera arrêté à l’issue de la procédure légale» avec les syndicats, soit fin mars. Ce qu’Edouard Martin (CFDT) a qualifié dimanche de «haute trahison».


Florange : Serin-Mordachov


Bernard Serin (CMI) et Alexei Mordachov (Severstal), poids lourds de la sidérurgie mondiale étaient associés pour reprendre Florange. Un duo qui fragilise la position de Jean-Marc Ayrault, hostile à la nationalisation...

Il n’y a pas de repreneur crédible et ferme pour Florange », avait estimé Matignon, vendredi soir. Jean-Marc Ayrault avait alors sonné le glas de la nationalisation temporaire.


Un repreneur solide

Or, deux poids lourds de la sidérurgie européenne étaient associés dans le ticket Arnaud Montebourg pour reprendre l’ensemble du site lorrain d’ArcelorMittal, dont les hauts fourneaux avaient été condamnés par Lakshmi Mittal le 1 er octobre : Bernard Serin, patron de CMI (Seraing, Belgique, 3 400 employés dans le monde), comme nous le révélions dès vendredi, et Alexei Mordachov, le milliardaire qui possède le géant russe de l’acier Severstal et dont le nom avait été cité notamment par Les Echos, il y a plusieurs semaines.

Si l’on reconstitue le scénario des derniers jours, cette information est à mettre à l’actif d’Arnaud Montebourg, le bouillant ministre du Redressement productif aujourd’hui dans la tourmente, qui avait annoncé fièrement à l’Assemblée nationale qu’il avait bien « un industriel, pas un financier, capable d’investir 400 M€ » pour reprendre Florange.

Ceci est d’autant plus vrai que nous avons eu la confirmation que le tour de table prévoyait que l’oligarque à la tête du 23 e groupe sidérurgique mondial (69 000 personnes) n’ait qu’une « participation minoritaire » et laissait donc la main à Bernard Serin, ex-cadre de Florange, pour mener sa stratégie industrielle, avec très certainement le soutien du Fonds stratégique d’investissements (FSI). Il semble également que le montant qu’aurait engagé Bernard Serin aurait avoisiné en réalité les 500 M€.


Retenez Montebourg, sinon...

20 000 emplois dans la balance... ArcelorMittal a sorti l’artillerie lourde, lundi dernier, mettant en balance les 20 000 emplois du groupe en France si Arnaud Montebourg prolongeait ses menaces.

Cette association de poids lourds explique probablement pourquoi ArcelorMittal a sorti l’artillerie lourde, lundi dernier, mettant en balance les 20 000 emplois du groupe en France si Arnaud Montebourg prolongeait ses menaces. Elle contredit aussi en partie l’analyse de Matignon, dont les principaux conseillers semblaient rétifs de longue date à toute idée de reprise publique temporaire.
Politiquement, d’ailleurs, le sujet est loin d’être clos. De plus en plus de ministres importants – Delphine Batho, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg – ont marqué leur défiance vis-à-vis de Mittal et laissent la porte ouverte à un futur portage public si le groupe venait à manquer à ses engagements.
Hier matin, Aurélie Filippetti a rejoint le chœur (lire par ailleurs). Après avoir laissé entendre que le choix de l’option Serin-Mordachov avait seulement achoppé sur une question de « chronologie », la ministre mosellane de la Culture a estimé « qu’il faudrait revenir à cette solution-là, si Mittal – auquel [elle] ne fait pas confiance – devait ne pas tenir ses engagements ».

Économiquement, la partie ne paraît pas terminée. Severstal pourrait prendre sa revanche: en 2006, l’aciériste russe avait échoué à contrecarrer l’ OPA hostile de Mittal sur Arcelor. Les cartes pourraient être rebattues si Ulcos n’était pas attribué à Florange le 20 décembre ou si Mittal donnait un coup de canif dans le contrat passé avec Matignon...


Entre Montebourg et Ayrault, c'est la guerre !


 Montebourg. Samedi matin, présente sa démission à Hollande, qui l'a refusée. 

 "Ce n'est pas le ministre du Redressement productif qui te parle, c'est le troisième homme de la primaire sans lequel tu ne serais pas là. Il y a un accord historique entre nous."

 Hollande a obligé Ayrault à publier, l'après-midi, un communiqué pour dire du bien de Montebourg. Jean-Marc Ayrault ne l'a pas fait de gaieté de coeur, d'autant moins que le matin, quand il avait appelé Montebourg, il s'était fait hurler dessus.
 Montebourg a même fini par raccrocher au nez du Premier ministre. 
Jamais Montebourg n'a été autant en colère, enragé. 
Comme il ne s'autorise pas à en vouloir à Hollande, sa colère s'appelle Jean-Marc Ayrault.

Trahi par un collabo-rateur infiltré !

 Lui qui est responsable du dossier, lui qui guerroyait depuis des mois pour la nationalisation temporaire, eh bien, personne n'avait porté à sa connaissance l'accord signé entre l'État et Mittal. Il faut bien voir une chose : le directeur de cabinet de Montebourg avait travaillé avec Matignon sur le texte de l'accord, mais dans le dos de son ministre, qui, lui, ne verra le document que le lendemain de l'annonce faite par Ayrault

Aujourd'hui, force est de constater que Jean-Marc Ayrault a commis une faute politique en humiliant inutilement AM ; c'est lui qui a jeté le grain de la discorde dans le gouvernement ; et François Hollande démontre, une fois de plus, que sa politique de consensus ne donne aucun résultat probant dans le domaine économique. 
Arnaud Montebourg s'est battu aux côtés des salariés, alors que Jean-Marc Ayrault était dans son bureau à concocter un accord dans le dos de son ministre. 
Cherchez l'erreur.


http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2012/12/05/arcelormittal-a-florange-le-ticket-serin-mordachov

http://www.liberation.fr/economie/2012/12/04/mittal-ayrault-bourreau-d-accord_865180

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