lundi 19 novembre 2012

La Grèce sera toujours en déficit ou deviendra bien plus pauvre qu'avant son entrèe dans l' Euro

L' Idéologue et la comptable


Comment équilibrer la balance commerciale de la Grèce en zone euro-mark, ouverte sur la mondialisation ? La cueillette des olives n’a lieu qu’une fois par an…

MOURIR POUR LE YUAN ? [et l’EuroMark]
Tel est le titre du livre passionnant de Jean-Michel Quatrepoint, paru fin 2011, après son remarquable « Sur la crise globale » prix de l’excellence économique 2009.
On ne résiste pas au désir d’en donner ici des extraits démonstratifs (concernant l’Allemagne):

Oui, l’Allemagne a une stratégie. Tout comme la Chine. Et elles se ressemblent. Les deux pays ont, chacun à sa manière, soif de revanche. L’Allemagne a perdu deux guerres. Elle a été, après 1945, mise au banc de l’humanité. Trois générations plus tard, le temps de la repentance est terminé.
L’Allemagne, ainsi que la Chine… doivent faire face au même phénomène: le vieillissement très rapide de leur population. Avec des taux de fécondité qui ne permettent pas le renouvellement des générations. Avec la perspective de coûts gigantesques pour la grande dépendance. Pour ces pays, il s’agit donc d’engranger le maximum de recettes à l’exportation, afin de mettre de côté les sommes nécessaires pour payer demain les retraites, et après-demain la grande dépendance.
Tous deux ont appuyé leur stratégie mercantiliste en indexant leur monnaie sur celle de leurs principaux clients. La Chine sur le dollar. Et l’Allemagne avec l’euro.

L’ALLEMAGNE…
Hostiles à l’origine à l’abandon du mark, les Allemands ont fort habilement récupéré la monnaie unique à leur avantage. Avec l’euro, il n’y avait plus de risque de dévaluation compétitive de la part des autres pays européens, à commencer par la France. En dix ans, grâce à l’euro, l’industrie allemande s’est refait une santé sur le marché européen. En y exportant, mais aussi en y prenant les parts de marché, et en éliminant de fait les concurrents potentiels.
Ses industriels ont dû retrouver un nouvel HINTERLAND. La diplomatie allemande s’est alors employée à reculer plus à l’Est les frontières de l’Europe. Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie… puis pays Baltes, etc. Sans parler de la Yougoslavie qui éclate à la suite de la reconnaissance unilatérale de la Croatie par Berlin.
L’industrie allemande tient son nouveau Hinterland. Elle va y investir massivement (environ deux cent milliards d’euros), notamment l’industrie automobile. Elle y trouve une main d’oeuvre de qualité, dans des monnaies qui ont tendance à se dévaluer face au mark, puis à l’euro.
Les délocalisations y ont été légion.

… À DEUX VITESSES
[En Allemagne], le salaire minimum n’existe pas pour les activités de services, commerce, artisanat ou l’agriculture. C’est le revers de la médaille…
Selon une étude de l’Institut du travail de l’université de Duisbourg, 6,5 millions de personnes, soit 20% des travailleurs, touchaient en 2010 moins de dix euros de l’heure, dont deux millions moins de six euros. Le coût des services à la personne (le coiffeur est payé 5 à 6 euros de l’heure), souvent exercés par des immigrés, est bien moins élevé en Allemagne que dans la plupart des pays européens. Ce qui a rendu moins pénible la stagnation du pouvoir d’achat des autres classes moyennes. La baisse des prix de l’immobilier a, elle aussi, permis aux ménages allemands de se loger à bon marché.
Voilà qui explique que la population allemande et les syndicats aient jusqu’à présent accepté cette politique de rigueur salariale et que l’Allemagne soit tellement obsédée par l’inflation. Que les prix dérapent, que les services et l’immobolier s’envolent, que l’alimentation devienne plus chère, et c’est tout le consensus autour de la stratégie mercantiliste qui risque d’éclater!
Si l’Allemagne engrange des excédents commerciaux lui permettant de limiter ses déficits publics, si les entreprises accumulent les bénéfices, une partie de la population, elle, a été décrochée. En termes statistiques, on définit la classe moyenne allemande comme les ménages ayant entre 70% et 150% du revenu médian (1940 euros par mois pour une famille avec deux enfants). En 2000, 62 % de la population allemande entraient dans cette catégorie. En 2006, ils n’étaient plus que 54%. La différence, soit 8%, correspond aux ménages tombés dans la trappe à pauvreté.

Le modèle allemand fait désormais florès, à telle enseigne qu’on veut l’imiter partout: à Paris comme à Washington. Sans comprendre toujours que les réussites de la Chine et de l’Allemagne tiennent à une alchimie particulière, à une stratégie mercantiliste qui ne peut réussir qu’à une condition: que les autres, les clients, ne fassent pas la même chose.

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