jeudi 8 novembre 2012

Couacs bashing et recadrages : C’est pas facile, Premier Ministre hein Jean-Marc ?



Viens, Jean-Marc, on va parler

de Koz sur koztoujours.fr

Combien usera t il de premier ministres ?

C’est pas facile, Premier Ministre. Tu t’en rends compte. Jusque là, tu étais chef du groupe à l’Assemblée et ça marchait plutôt pas mal. Il faut dire que chef de groupe dans l’opposition, c’est assez pépère aussi, mais ne diminuons pas ton mérite : tu te débrouillais pas si mal. Et aujourd’hui, tout le monde te tombe sur le palletot. Ce que tu prends dans la gueule, tout de même, c’est pas banal.
De la part de l’opposition, et c’est normal. Mais il y a la presse aussi. Les renégats… Tiens, regarde : y’a même un facétieux qui dresse la timeline de tes couacs. Et Libé avait à peine fini de titrer sur les procès en amateurisme que tu nous gratifies d’un truc qui relègue le « couac » au rang des euphémismes.

Un couac ? Que dis-je, c’est un cap, une péninsule. On n’est plus dans le couac, on est dans le braoum : te voilà même contredit par l’un des aspirants à ton poste. Un Premier ministre recadré par un de ses ministres, c’est une première.

Pour corser le tout, tu donnes dans l’auto-tacle. Parce qu’en fin de compte, les 39h, c’est le couac qui cache la forêt : quand on te demande si tu vas « faire long feu à Matignon »… tu réponds oui. Ouch. C’est le multi-combo. Le lapsus linguae qui se fond en lapsus calami sous l’effet des relectures défaillantes des équipes de Matignon. Lapsus révélateur de ton état d’esprit et de celui de tes équipes.

Car de fait, oui, la question de ton avenir à Matingon est déjà posée. Et c’est dur. Et je te comprends. Et la politique, c’est vraiment un monde de chacals. Sincèrement, je ne me retiendrais pas, je souffrirais avec toi. Et je me dis que j’ai été un peu rude à ton égard. Alors, viens, Jean-Marc, pose ta tête là sur mon épaule. Pleure, tu pisseras moins. Là, là, c’est fini ce gros chagrin ? Bon, alors, on va causer.

Voilà mon idée, Jean-Marc. Si tu me permets de te parler crûment : dans la merde noire (parce que, là, politiquement et économiquement, le noir est de rigueur) dans laquelle tu es fourré, est-ce que tu crois vraiment que les Français attendent en priorité de ta part que tu nous bouleverses notre société ? Hum, sérieux ? Est-ce que, dans l’instabilité dans laquelle nous ne cessons d’entrer à tous égards, l’urgence du moment est de rayer d’un trait de plume les « père » et « mère » (voir article 4) ? Tu n’as pas l’impression d’être un poil à côté de la plaque niveau priorités ? Que ce n’est pas le moment de jouer avec la cellule de base de la solidarité qu’est la famille ?

Bon, on est d’accord… Aujourd’hui, nous attendons tous de passer sans trop d’encombres les mois prochains. Les ouvriers, ces classes laborieuses que vous n’en finissez pas de négliger, font le compte des plans sociaux et se demandent si le gouvernement n’a vraiment que ça à faire que papoter pluriparentalité. Je vais te faire une confidence : ils sont pas emballés-emballés. Alors, tu es affaibli, inaudible, et tu veux encore t’offrir le luxe d’une mobilisation de rue ? Enfin, Jean-Marc, sois lucide : pour l’instant, tu n’as eu qu’un apéritif mais, les mécontentements s’agrégeant au fil des mois , la manif nationale de janvier risque de s’avérer costaud. T’as vu ? Y’a même Copé qu’a flairé le filon et qui se verrait bien coller au train de la mobilisation… Le vent tourne déjà. 

Ca va finir en CPE, ce truc-là, et il t’emportera, c’est moi qui te le dit.
Aux oppositions venant des rangs cathos, se sont déjà adjoints la Fédération des Protestants de France et le Grand Rabbin de France, et bientôt les musulmans. Et tu sais bien qu’il ne suffit pas de sauter sur sa chaise comme un cabri en criant « laïcité, laïcité, laïcité« , ça, c’est bon pour Cabu et pour les militants. Comme il te reste un peu de sens politique, tu auras dans l’idée que s’aliéner l’ensemble des représentants des grandes traditions spirituelles de France, c’est pas bon. D’ailleurs, on a bien noté que vous aviez envoyé Manuel à Rome pour passer un peu de pommade aux cathos, et il se dit que les derniers calages avant une visite du Président lui-même à Benoît XVI sont en cours.

Alors, parlons politique. Rapports de force. Aujourd’hui tu as besoin de soutiens. Passer le mariage et l’adoption homos, ça te rapporte quoi ? Pas de chichis entre nous, on sait que ce n’est pas par conviction mais par calcul que vous avancez sur ce terrain. Vous avez voulu faire un écran de fumée mais – suis bien la logique du raisonnement – y’a pas de fumée sans feu et le feu ça brûle, comme dit le philosophe. Donc, faisons le compte. Ca pèse combien, cette revendication, minoritaire au sein d’une minorité ?
Bon, Jean-Luc Romero. Ok, peanuts. Pierre Bergé, aussi, et c’est plus emmerdant, rapport au Monde. Mais bon, tu sais bien qu’au Monde, ils te descendront sans attendre leur tour, et que Le Monde n’est pas la lecture quotidienne de l’électeur. Tu me diras aussi que c’est pas possible de revenir en arrière, que c’était une promesse, que vous ne faites que répéter que le débat est tranché par l’élection présidentielle mais ça, c’est bullshit : on sait bien que les électeurs ne votent pas pour chaque promesse (ils n’y croient plus) et sur l’euthanasie, vous avez bien choisi de prendre le temps d’une mission d’étude…

Voilà, tu m’as compris.

Alors que tu pourrais échanger ça contre le soutien, ou en tout cas l’apaisement, de tout un tas de cathos, notamment tous tes anciens potes de la JOC et de l’ACO, qui sont bien silencieux ces temps-ci. Une politique de gauche bien menée, sur le logement, la précarité… une vraie gauche, quoi, ça pourrait attirer sa sympathie. La sienne, et celle des évêques. Tu fermerais un front. Par-dessus tout ça, toi ou François, vous faites une déclaration solennelle sur la gravité de la situation, la nécessité d’une union nationale, vous vous offrez le luxe de corneriser Copé (tu vois, je suis pas chien, je te file des vrais conseils) et roule ma poule…
A mon avis, c’est plus raisonnable.

Voilà. Alors, tu sèches tes larmes et on fait comme on a dit ?


Viens, Jean-Marc, on va parler

Aucun commentaire: