jeudi 20 septembre 2012

Duflot et Hollande peinent à convaincre les écologistes


L’écologie selon Hollande ? Y’a vraiment pas de quoi pleurer !


Fini de critiquer les “socialistes” : c’est officiel, ils sont enfin devenus écolos !
D’ailleurs, Cécile Duflot l’a dit, c’est quand même une preuve.
Le miracle ne s’est pas produit à Lourdes, mais à Paris, lors de la “Conférence Environnementale”, une causerie de deux jours réunissant toute la hiérarchie gouvernementale, Hollande et Ayrault compris ; ainsi que la crème des zécolos dont le pays peut s’enorgueillir. Y’avait même Nicolas Hulot, c’est dire comme c’était sérieux.
Bon, déjà Ayrault qui parle d’écologie, c’est à peu près aussi improbable que Ribéry qui parlerait de grammaire, ou Larcher de diététique. Son comportement hautain et implacable dans la lamentable et ridicule affaire de l’Ayraultport de Notre Dame des Landes, projet anachronique à la seule gloire de l’édile local et preuve irréfutable de son incompréhension de l’avenir, invalide totalement tout discours qu’il ferait sur le sujet.
Quant à la ministre de l’environnement, Delphine Batho, quel crédit apporter à cette protégée de Ségolène Royal, incapable de comprendre qu’une députée n’a rien à foutre dans un logement social ?
Cécile Duflot, emportée par l’ambiance débilitante de l’instant, se lâche et couche sur Twitter les mots suivants :

Je pèse mes mots : ce discours du Président de la République est historique et infiniment émouvant à entendre pour une écologiste”.

Bon, on arrête de ricaner dans le fond, je vous vois, c’est pas charitable. C’est vrai, quoi. Depuis qu’il a été élu, on aurait cru qu’Hollande faisait tout pour désespérer les écolos. Comme le dit si bien Zgur, “A force d’avaler des boas, les ministres EELV vont finir par mettre l’espèce en danger”.
Et là, pour une fois que Hollande déclare qu’il va fermer la centrale de Fessenheim, les nerfs de Duflot lâchent.
Vu que le Sarkozy du début de son quinquennat, estampillé Nicolas Hulot et “Grenelle de l’environnement” faisait à peu près les mêmes discours, tout en étant un ennemi irréductible de l’écologie, Cécile Duflot devrait être plus prudente.
Redevenons sérieux cinq minutes. La fermeture de Fessenheim, c’est tout de même pas un scoop, non ? C’était même une des rares promesses précises de la campagne ! Et encore, il va falloir attendre 2016, en priant qu’il n’y ait pas de problème d’ici là…
La fermeture de cette ruine semblait relever de l’évidence à tout le monde… Bon, sauf à Estrosi, bien sûr, qui n’est plus à une connerie près, et déclare que cela va “mettre en péril notre indépendance énergétique“… Y’a quelqu’un qui lui explique que l’uranium ne s’extrait pas sur la Promenade des Anglais, mais qu’on le pille au Niger, en toute indépendance ? En même temps, essayer d’expliquer quelque chose à Estrosi, difficile de savoir par où commencer…
Et au fait, Madame Duflot, quand vous aurez fini de sécher vos larmes d’émotion, pouvez-vous confirmer que Fessenheim sera la seule centrale fermée ? Il restera donc 56 réacteurs sur 58 en 2017 ? Ah, non, 57, même… L’EPR de Flamanville est toujours au programme ! Sachant que la production de l’EPR devrait équivaloir à celle des deux réacteurs de Fessenheim, on appréciera la réduction de la production nucléaire… Du foutage de gueule véritable. D’autant que la décision concernant le deuxième EPR à Penly semble tout sauf “irrévocable” (comme disait Noël Mamère). Car ils sont nombreux dans l’ombre au P”S” à penser comme Allègre et Montebourg que le nucléaire est une énergie d’avenir…
Je ne vais pas encore parler longuement de bagnole. Oh, il y a bien le petit délire d’Ayrault, qui les verrait bien consommer 2 litres aux 100km d’ici 10 ans. Pourquoi 2, et pas 1 ? Il a dû inventer le chiffre juste avant de monter à la tribune, pour tenter de faire oublier le ridicule de la “baisse des prix” .. Et d’ici 10 ans ? Ben rien… Le diesel ? Rien. La détaxation de ce carburant et la prolifération des bagnoles qui le consomment, alors même qu’elles sont officiellement cancérigènes, c’est le pur résultat de l’incompétence et de la corruption de politiciens. C’est même une prédécesseuse de Cécile Duflot, Dominique Voynet, qui collait des vignettes vertes sur des bagnoles qui fumaient noir. Nous risquons fort de nous retrouver avec une nouvelle affaire de l’amiante, et tout le monde s’en fout.
Le comique, c’est que Hollande continue à faire de la publicité gratuite à une bagnole hors de prix et technologiquement aberrante. Peugeot vire des gens ? Après avoir fait des moulinets montebourgeois pour faire croire que le gouvernement pouvait s’y opposer, on s’achemine vers un classique subventionnement des licenciements. Si ces “socialistes” étaient vraiment dignes de l’émotion de Cécile Duflot, ils prendraient acte de la fin de l’industrie automobile et se lanceraient à corps perdu dans la reconversion de la filière.
Mais l’annonce jugée la plus spectaculaire, c’est à propos des gaz de schistes : pas de permis d’exploration sur le quinquennat. Enfin, nuançons un petit peu… Comme certains l’ont remarqué (mais pas Cécile Duflot, qui ce matin encore sur France Inter a joué les connes et à fait mine d’ignorer que de nouvelles techniques voient le jour), c’est uniquement la technique de la “fracturation hydraulique” qui est visée. Dès lors qu’une technique légèrement différente sera employée, la digue s’effondrera. Un peu comme l’opposition à un traité Merkozy dès lors qu’on y accole le mot “croissance” dans un coin…
Car une chose est sûre : s’il y a vraiment autant de gaz qu’on le prétend dans le sous-sol français, il sera exploité un jour ou l’autre. Quelle que soit l’opposition. Au diable le réchauffement climatique, vive les zemplois, le gaz pas cher et “l’indépendance énergétique” !
Vous avez peut-être vu le documentaire d’Envoyé Spécial la semaine dernière, qui montrait le désastre aux Etats-Unis. Outre la pollution irrémédiable des nappes phréatiques (c’est pas grave, on achètera de l’eau en bouteille fournie à prix d’or par les multinationales et puisée dans les rares secteurs préservés), concrètement le massacre se caractérise entre autres par un ballet incessant et monstrueux de camions, dévastant tout sur leur passage. Vacarme, boue, poussière : ambiance “Mad Max” à deux pas de chez vous. Car les puits de gaz de schiste, contrairement à ceux des champs géants de pétrole, peuvent se compter par milliers, et éclore dans votre jardin (il paraît par exemple que la Lorraine en est farcie).
Même si Hollande tenait sa promesse, elle ne vaut que jusqu’en 2017. Là, il est plus que probable qu’un UMP aux crocs acérés va le remplacer, et va sans tarder annoncer que vu l’échec des “socialistes”, il faut d’urgence relancer le programme nucléaire et démarrer le massacre du territoire au profit de cupides zentrepreneurs (parmi lesquels le frère Balkany…). N’oublions pas que les “écolos” Borloo et NKM avaient signé en loucedé les premiers permis d’exploration.
Je parie même que ce sera la mesure-phare de la campagne 2017, et que nombreux seront les chômeurs des régions sinistrées (comme la Lorraine) qui voteront UMP pour cette seule raison. L’éternel problème des crocodiles qui plébiscitent leurs maroquiniers.
Si madame Duflot voulait bien se donner la peine de s’élever de son fauteuil de ministre, d’oublier les beaux discours qui n’engagent que les naïfs qui y croient, elle comprendrait pourtant qu’il n’y a pas de quoi s’ébaudir.
Aucune surprise. Rien n’a changé depuis Sarkozy et même bien avant. Les mots-clés restent les mêmes : croissance, compétitivité (Moscovici a encore répété que ce n’était “pas un gros mot”), relance, consommation, bagnole, bétonnage… La logique libérale, la logique patronale, la logique financière. Ce ne sont pas les mots de l’avenir, mais au contraire ceux du passé. Un passé dont ni Hollande, ni Ayrault, ni les autres ne semblent avoir compris qu’il était… passé ! Les trente glorieuses, c’était il y a 40 ans, mais ils ne les ont pas vues passer…
Ne soyons pas chien, il y a au moins une bonne mesure qui a été annoncée : la mise en œuvre d’un important programme d’isolation des logements. Une lueur d’espoir, qui pourrait faire croire qu’ils auraient peut-être compris que l’énergie la moins chère et la moins polluante, c’est celle qui n’a pas besoin d’être produite.
Pas assez en tout cas pour pour pleurer de joie, pas assez pour effacer tout le reste…

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