samedi 4 août 2012

La politique comme le journalisme n’est rien de plus que de la prostitution légalisée

À New York, lors d’un banquet, le 25 septembre 1880, le célèbre journaliste John Swinton se fâche quand on propose de boire un toast à la liberté de la presse : 

« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! » 

 


 










A ce jour, c’est Gerald Celente, un découvreur de tendances sociologiques lourdes sévissant au sein du « The Current Trends Journal »  qui a eu les mots les plus durs pour l’indulgence excessive voire la soumission pure et simple du monde politique –US en particulier- aux avances du lobby bancaire : « La politique aujourd’hui n’est rien de plus que de la prostitution légalisée. Alors qu’une pute qui racole va en prendre pour son grade, les politiciens sont financièrement récompensés pour vendre leur âme. Cette compromission se développe, soutien contre fric et plaisirs, et c’est finalement le public qui se fait mettre… ».


Pas non plus à cours de formules imagées, Donald J. Boudreaux par ailleurs président du Département Economie à l’université George Mason, en rajoute une couche épaisse : « qualifier les politiques de prostituées est inadapté car trop clément. Il serait plus juste de les qualifier de maquereaux puisqu’ils livrent le peuple américain sans défense au bon plaisir des géants de la finance »

La condamnation de Bernard Madoff reste donc un contre-exemple. Jugé et sanctionné en un temps record, il a eu le tort d’escroquer des épargnants à la fois riches et influents. Bien qu’un grand nombre de ses prétendues victimes ne le soient sans doute pas au sens habituel du terme. Les enquêtes ont en effet démontré que bon nombre d’entre elles soupçonnaient qu’une telle rentabilité ne pouvait s’expliquer que par la présence d’une mouche dans le laitIl y aura bien un benêt pour prendre la relève se disait-on secrètement chez les clients de Bernie. Ponzi quand tu nous tiens…

Lors d’une interview donnée le 15/02/2011 depuis sa prison, revenant un peu sur l’auto flagellation qu’il s’était infligée au cours de son procès, le lascar a dénoncé « l’aveuglement volontaire de nombreuses banques et hedge funds qui ont fait affaire avec moi et semblent s’être montrés incapables de faire le rapprochement entre ce que je publiais officiellement et ce qu’ils savaient par ailleurs ; leur attitude a été du genre : ‘si vous faites quelque chose de mal, on ne veut pas le savoir’… »


Mieux vaut falsifier un indice financier que braquer une banque

Détourner des sommes « modestes » propriétés de milliers d’individus par l’intermédiaire d’une personne morale, minimise en effet les risques de se faire pincer. De plus il faudra prouver l’intention criminelle. Les voyous en beaux costards main sur le coeur plaideront bien sûr la négligence ; au pire, l’incompétence… Et si tout tourne mal, la sanction restera ultra light par rapport à celle infligée à ceux qui, pour un bénéfice infinitésimal, braquent ladite banque ou son fourgon blindé, armes de guerre à l’épaule.

Dans un contexte socio-politique donné, les procureurs et les juges d’instruction en charge des affaires financières pensent souvent que les preuves seront plus faciles à réunir contre la banque elle-même que contre ses dirigeants si dévoyés fussent-ils. Et c’est cette garantie de quasi impunité personnelle qui alimente et gonfle le processus, jusqu’à le rendre universellement incontrôlable aujourd’hui. 

William K. Black, l’un des meilleurs experts américains en criminalité financière résume ainsi le constat quasi général : « le gouvernement a créé un environnement éminemment criminogène »  Vraiment ?…. 

C’est sûr que lorsque le malfaisant estime que le risque maximum qu’il encourt est la perte de son emploi, ce n’est pas de nature à le dissuader de se lancer dans des actes criminels susceptibles de lui rapporter une fortune dans un délai très bref. 

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