mercredi 25 juillet 2012

France : Mood'ys attends le budget 2013



Si l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg font les gros titres aujourd'hui, en raison de la décision de Moody's d'abaisser à "négative" la perspective attachée à leur triple A, d'autres pays de la zone euro, comme la France ou l'Autriche dont le triple A est déjà sous perspective négative, pourraient bientôt voir leur note abaissée par cette même agence.


La fin du troisième trimestre en ligne de mire pour les notes de la France et de l'Autriche


Au dixième paragraphe du communiqué diffusé hier soir, Moody's explique que l'abaissement des perspectives sur les notes des trois émetteurs souverains prend en compte "les implications de certains développements en zone euro, tels que le risque croissant d'une sortie de la Grèce, la probabilité de plus en plus importante de plans de soutiens pour d'autres souverains de la zone euro et une croissance économique au point mort. D'ici à la fin du troisième trimestre, Moody's évaluera aussi les implications de ces développements pour les triples A de la France et de l'Autriche, pour lesquels la perspective était passée de stable à négative en février".


Le temps pour Moody's d'évaluer le budget 2013


Le 24 mai dernier, Moody's avait expliqué qu'elle se laissait quelques mois pour évaluer la politique du nouveau président de la République. "Au cours de la seconde partie de l'année, et surtout après les élections législatives à venir, Moody's attend que l'actuel gouvernement donne une image plus claire de son programme", avait-elle alors prévenu. « En se fixant comme échéance la fin du troisième trimestre, Moody's se laisse le temps d'évaluer le budget 2013. Celui-ci pourrait en effet être présenté le 20 ou le 27 septembre », commente Dominique Barbet, économiste de marché chez BNP Paribas.


Trois scénarios


Dès lors, trois scénarios peuvent être envisagés. Moody's peut choisir de ramener la perspective du Aaa à "stable", mais aujourd'hui, l'aggravation de la crise de la zone euro rend cette hypothèse peu probable. Moody's peut dégrader la note de la France, qui se trouverait alors dotée de deux notations sur les trois plus importantes inférieures à triple A. Pour l'heure, Standard & Poor's est la seule des trois grosses agences à avoir abaissé la note de la France, à AA+, en janvier dernier. Enfin, Moody's peut reporter sa décision à plus tard et placer la note de la France sous surveillance négative. L'échéance de la dégradation serait alors reportée à la fin de l'année. 


Quel impact sur les taux français ?


Reste à savoir quel effet une telle dégradation peut avoir sur les coûts d'emprunt de l'Etat français. Pour Dominique Barbet, « le marché fait clairement la distinction entre la situation de la France et celle de l'Allemagne : la différence entre les taux de marché sur les dettes française et allemande intègre déjà une différence de notation d'au moins un cran entre la France de l'Allemagne ». Pour l'instant, dégradation ou pas, la dette française a clairement profité de la crise de la zone euro : depuis le début de l'année, les investisseurs ont eu tendance à délaisser les emprunts des pays dits "périphériques" et à se réfugier vers les titres jugés les plus sûrs (voir ci-dessous : la faible influence des agences de notation sur les coûts d'emprunt de la France). Cette "fuite vers la qualité" a permis aux taux français de battre des records de faiblesse  - 0,046 % à 2 ans, 0,728 % à 5 ans et 2,024 % à 10 ans - et même, sur les maturités les plus courtes, d'emprunter à des taux négatifs. 

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