lundi 9 avril 2012

Jean Luc Melenchon le futur Hugo Chavez français ?

La Troïka, la BCE , Bruxelles , Barroso , l' Eurogroupe il l'a juré devant les foules en liesse, il ne les laissera pas mettre à bas le Modèle Social Français.


Il est le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas, celui de notre temps et de notre époque. Il possède un caractère bien trempé et joue parfois les mauvaises têtes comme lorsqu'il a pris la décision de créer un parti à la gauche d'un PS ayant anéanti ses dernières illusions. Jean-Luc Mélenchon n'est pas un homme parfait. Il a commis des erreurs à l'image de son vote en faveur de l'Europe de Maastricht. Mais à la différence de nombre de ses collègues il les a reconnues. Lors de son départ du PS en novembre 2008, peu de personnes croyaient en son projet. 3 ans plus tard il est en passe de jouer un rôle majeur au sein de l'élection présidentielle. Où s'arrêtera le leader du Front de Gauche?


Nonobstant son passé trotskiste, Jean-Luc Mélenchon est un pur produit du système socialiste. Sous l'égide de François Mitterrand, l'actuel leader du Front de Gauche a cru que le PS allait « changer la vie » un soir de mai 1981. Le parfum des roses a prolongé l'euphorie jusqu'en mars 1983 et au « tournant de la rigueur » qui correspond au ralliement du Parti Socialiste à l'idéologie néo-libérale.
Mais il est parfois difficile de brûler ce que l'on a adoré. Alors Jean-Luc Mélenchon s'est laissé endormir par la douce musique néo-libérale par l'Europe de Maastricht qui devait apporter la paix sur un continent dévasté par les conflits armés. Par la mondialisation heureuse qui promettait d'apporter croissance et prospérité.

Les débuts furent difficiles: les délocalisations des usines, la hausse inexorable du chômage, la remise en question des acquis sociaux. Alors le soldat Mélenchon essaya de faire changer les choses pour faire évoluer le Parti Socialiste qui s'enfonçait joyeusement dans la Social-Démocratie. En 1997, il défia François Hollande pour prendre la tête du Parti. Une large défaite le ramènera à la réalité. N'ayant pas encore bien mûri ses convictions, il commet probablement une seconde erreur en rejoignant le gouvernement Jospin en tant que Ministre délégué à l'enseignement professionnel. En effet sa présence au gouvernement vaut caution d'actes tels que la signature du Traité de Nice en 2001 qui constitue un nouveau pas vers une Europe néo-libérale.

Mais comme disait Jacques Brel « on a vu souvent rejaillir le feu de l'ancien volcan qu'on croyait trop vieux ». Pour Jean-Luc Mélenchon l'explosion se produit lors du référendum sur le Traité constitutionnel Européen. A cette occasion il enfreint les règles de son Parti pour faire campagne en faveur du « Non ».Pour paraphraser Victor Hugo, on pourrait dire que c'est à ce moment là que « déjà Napoléon perçait sous Bonaparte ». Le natif de Tanger s'attaque à l'Europe technocratique de Bruxelles, à son fonctionnement opaque qui se coupe des peuples. La victoire du « Non » est une forme de consécration pour les membres de l'UMP ou du PS qui ont pris le risque de s'affranchir de leur parti. Les Montebourg, Dupont-Aignan ou Mélenchon en sont les grands gagnants.


Malheureusement une nouvelle fois l'euphorie ne dure qu'un temps. Lors de l'élection présidentielle, les tenants du « non » rentrent au bercail et se réfugie derrière le clivage droite-gauche pourtant « ringardisé » par le débat sur le Traité Constitutionnel Européen. Mélenchon ne fait pas exception à la règle et se range derrière Ségolène Royal. L'échec de la candidate socialiste et les résultats du congrès de Reims qui préconisent une alliance avec le centre convainquent le sénateur de l'Essonne de quitter un Parti qui ne lui ressemble décidément plus pour créer le Parti de Gauche.

Un parallèle intéressant peut être effectué entre les stratégies d'Arnaud Montebourg et de Jean-Luc Mélenchon. Le premier a fait le pari de prendre la tête du PS « considéré » comme un parti de gouvernement. Les primaires socialistes lui ont en partie donné raison et si la crise s'installe, il est possible que le choix du député de Saône et Loire s'avère payant. Le second a pris la décision de s'affranchir du PS ce qui lui évite de soutenir Hollande même si le Parti de Gauche ne possède pas la crédibilité du principal parti de gauche.

A ce propos, la stratégie d'alliance avec le PCF apparaît très pertinente puisqu'il bénéficie du réseau de militants et d'élus du parti communiste tout en proposant un discours complètement rénové à un parti qui tournait en rond depuis 30 ans et dont le déclin s'était matérialisé par le score d'1,93% de Marie-Georges Buffet à la Présidentielle de 2007.
Car contrairement aux propos de Daniel Cohn-Bendit qui affirme que le choix de Jean-Luc Mélenchon s'apparente à un vote de nostalgie, le leader du Front de Gauche apporte une véritable bouffée d'oxygène à une campagne présidentielle sans souffle. Sous l'impulsion de son conseiller économique Jacques Généreux, il propose des mesures courageuses permettant de remettre en cause notre système actuel notamment en réformant le mode de fonctionnement de l'UE. Ainsi pour neutraliser les actions néfastes des banques sur l'économie réelle, il souhaite placer sous contrôle social les établissements financiers qui ne respecteraient pas la nouvelle réglementation en matière de spéculation. Il importe que les banques retrouvent leur fonction initiale qui consiste en la collecte d'épargne afin de financer les investissements des entreprises et des ménages. Des banques au service de l'économie et non pas qui se servent de l'économie pour générer des profits records.

Le rôle de la BCE est également remis en question et notamment son indépendance qui prive les peuples d'une partie de leurs prérogatives. Le Front de Gauche propose de remettre en question la loi de 1973 qui interdit une Banque Centrale de prêter directement aux Etats. Cette loi « scélérate » a deux conséquences: un renchérissement du coût de la dette des Etats et une augmentation du profit des banques privées qui réalisent une marge entre le taux d'emprunt à la BCE et le taux de prêt aux Etats. Ces propositions sont de l'ordre du bon sens mais peu de candidats à l'élection présidentielle sont en accord avec elles notamment parmi les favoris.


Si les sondages, à considérer avec grande prudence, se confirment, Jean-Luc Mélenchon aura réussi à réunir la gauche alternative autour de son projet. En effet, par rapport à 2007 où une multitude de petits candidats de gauche entourait Ségolène Royal, l'élection de 2012 semble dessiner une toute autre répartition. On pourrait être tenté de dire qu'à gauche en dehors de Jean-Luc Mélenchon et de François Hollande il n'y a rien. La grande réussite du sénateur de l'Essonne aura été de parvenir à fédérer la gauche du « Non » qui pourra ainsi regarder droit dans les yeux la gauche du « Oui ». En réalité, l'opposition s'effectue entre la Social-Démocratie et la gauche qui refuse le néo-libéralisme.
Pour cette dernière si 2007 avait été l'élection du gâchis, suite au formidable espoir né lors du Traité constitutionnel Européen, 2012 sera peut-être celle de la résurrection. Le mérite en revient en grande partie à Jean-Luc Mélenchon, à ses idées, à son charisme, à sa capacité à se remettre en question.

Alors bien-sûr on pourra railler certaines de ses propositions, comme son SMIC à 1700 Euros, qui paraissent difficilement applicable même si la relance de notre économie passera en partie par un accroissement du pouvoir d'achat. Sa politique vis à vis de l'UE apparaît également naïve car comment peut-on espérer convaincre des pays membre à large majorité néo-libérale de revenir sur le statuts de la BCE. Les évènements joueront peut-être en sa faveur mais il faudra du temps et il semblerait plus judicieux de mettre la pression sur nos partenaires européens en les menaçant de prendre des mesures unilatérales en cas de refus de collaborer de leur part. Sortir d'un euro sur-évalué pour notre économie. Permettre à la Banque de France de prêter directement à l'Etat.

Enfin comment ne pas évoquer le protectionnisme qui constitue une des armes clés pour la sortie de crise et sur laquelle les dirigeants du Front de Gauche restent particulièrement discrets, sans doute prisonniers de leur internationalisme, au point de n'avoir envoyé aucun représentant à la conférence sur le sujet du 19 mars 2012 au contraire de l'UMP, du PS, de DLR, du FN et du Modem. Sur ce point Arnaud Montebourg semble plus avancé que le leader du Front de Gauche.

Il n'en reste pas moins que le parcours de Jean-Luc Mélenchon est remarquable à bien des égards et qu'il commence à en récolter les fruits. Ses combat contre le manque d'indépendance de la presse, la « peopolisation » de la vie politique, sa remise en cause de l'UE dans son fonctionnement actuel, ses critiques contre le néo-libéralisme ont permis au débat politique d'avancer. Il est parvenu à rassembler la gauche du « Non » et à divorcer avec la gauche sociale-démocrate. Il a repris la bastille. Prendra-t-il le pouvoir?


source : lespoir.jimdo

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